Une arrivée au stade remarquée……………………….. Épisode 55

Les
tirs fusent de toutes parts et le ballon n’est pas souvent cadré. Il va est plus souvent dans les fusains
qui limitent le pourtour du stade que dans les filets. Au fur et à mesure que la
famille avance, André serre des mains de plus en plus nombreuses.

Il
pavane et arrivent devant la buvette placée, juste à côté du vestiaire, ou le Président Jacques David le salue avec respect mais sincérité.

Le
président :

« –
Bonjour André, c’est un vrai plaisir de t’accueillir au stade. Aujourd’hui, c’est un grand jour pour le club. Nous allons le vivre tous ensemble.
Merci de venir nous soutenir, tout le village est ici, même notre vieux curé est
présent. »

André :

« –
Merci Jacques de ton accueil, même si je ne viens jamais aux matches, je suis
vos résultats et je sais que cette année, vous faites des merveilles avec des joueurs que vous avez formés, mais surtout grâce au travail des dirigeants qui t ‘accompagnent.

Le
bruit de ces crampons que nous entendons résonner sur le béton est comme l’écho
sympathique d’une union sacrée entre tes joueurs, les dirigeants bénévoles et
le public nombreux qui supportent nos couleurs chaque dimanche.

Cette
odeur de camphre qui flotte dans l’air est unique, agréable et elle est
synonyme d’efforts et de victoires. Je ne vous ai jamais aidé et c’est une
grave erreur. Je suis venu pour réparer. J’offre en cas de victoire une prime
deux mille francs, mille s’ils font match nul et 500 s’ils perdent, ils auront
en plus 500 francs pour chaque match gagné à condition qu’ils restent en tête.
Mais attention Jacques, cette prime n’est pas pour les joueurs
personnellement, elle est pour le club dans son ensemble. »

Jacques
David reste coi devant cette bonté subite et inattendue d’André. Beaucoup de
supporters présents autour d’eux ont entendu la bonne nouvelle et la colportent
immédiatement, faisant se retourner quelques-uns des supporters, pour mieux
apercevoir ce généreux donateur.

Le
vice-président Caillaud qui est à côté de jacques dit à André :

« –
J’appelle les joueurs, vous leur annoncerez vous-même cette bonne
nouvelle. »

Il
appelle les joueurs qui viennent se mettent en cercle autour d’André et des
dirigeants qui mènent le club. »

Jacques
David :

« –
Un vieil ami du Réveil est un gros travailleur, il n’a pas le temps de venir
aux matches chaque dimanche, aujourd’hui il vient nous soutenir, mais je vais
lui laisser annoncer ce qu’il a nous dire. »

André :

« –
Messieurs, je connais certains d’entre vous, d’autres un peu moins puisque
vous habitez dans des communes avoisinantes. J’ai beaucoup à ma faire pardonner
et depuis longtemps, avec les anciens nous aurions dû soutenir vos efforts et
ceux de vos dirigeants bénévoles qui se battent pour que le club continue de
vivre.

J’ai
donc décidé d’offrir au club une prime de 2000 francs pour ce match
exceptionnel, mais aussi… Et il continue de débiter ce qu’il a annoncé au
Président quelques minutes auparavant.

Il
ajoute, si vous montez en division supérieure, je vous récompenserais et vous
pourrez me considérer parmi un de vos fidèles commanditaires du club pour la saison prochaine. La balle est donc dans votre camp et votre avenir entre vos pieds.
Bon match et merde pour la suite. Les joueurs applaudissent et reprennent le chemin de la pelouse.

André
est entouré de tous les supporters et des amis proches des joueurs. Tous le
remercient et le Président est aux anges. Il vient en quelques minutes de
trouver un soutien pour sa fin de saison, et un commanditaire pour la prochaine saison.

Pendant
toute cette agitation, Pierrot a repéré Tapioca. Elle vient d’arriver au stade.
Voyant son père très entouré et très occupé, il se glisse dans un coin, à
l’abri des regards ou Tapioca le rejoint. Il lui explique son plan d’action.

Tapioca :

« –
Reste avec ton père, ne le quitte pas, j’irai chercher les cartes de
visite. »

Pierrot :

« –
Il te dira aussi si pour l’école, c’est toujours d’actualité. »

Tapioca :

« –
Pourquoi, qu’avez- vous encore prévu, j’ai du mal à vous suivre.

Pierrot :

« –
C’est une surprise Tapioca. »

Tapioca :

« –
Je crois que j’ai compris, c’est au sujet de ton petit entretien avec le
Maître. »

Pierrot pose
son doigt sur ses lèvres et lui fait signe de garder le silence.

Profitant
d’une totale liberté, elle court jusqu’au château et tire la chaînette de la
cloche pour que quelqu’un vienne lui ouvrir.

Elle
attend quelques instants et en reconnaissant les pas rapides, elle comprend que
c’est Rose qui se déplace. La porte s’ouvre presque immédiatement.

Rose :

« -Tiens
Tapioca, tu es seule ? »

Tapioca
toujours très poli :

« –
Oui Madame Rose, Bonjour Madame Rose comment allez-vous ? »

Madame
Rose :

« –
Je vais bien, mais je ne sais pas si le docteur Melchior t’attend ? »

Tapioca :

« –
Il m’attend à 3 heures Madame Rose »

Madame
Rose :

« –
Dans ce cas entre, je ne suis pas au courant. »

Madame
Rose :

« – Tu trouveras le docteur Melchior au salon, il lit. »

Tapioca :

« –
Merci Madame Rose, je vais le rejoindre. ».

Elle
plante Rose à la porte et part en courant vers le Château.

Rose
hoche la tête de dépit, se disant que ces jeunes lui feront tourner la tête.
Celle du docteur est déjà bien mal-en-point, depuis qu’ils sont entrés dans sa
vie. Après avoir refermé la porte, elle regagne sa cuisine pour faire cuire ses
tartes dont le docteur Melchior est très friand.

Tapioca,
pénètre dans le château mais arrivée à la porte du salon, elle frappe de sa
petite main blanche trois petits coups secs.

Le docteur Melchior:

“- Entre Béatrice…”

Tapioca entre
dans la pièce, le docteur Melchior est engoncé au plus profond de son fauteuil
préféré:

« – Bonjour docteur Melchior, comment savez-vous que c’est moi, je n’ai pas parlé. »

Le
docteur Melchior :

« –
Mon oreille connaît le pas de toutes personnes qui appartiennent à la vie du
château. De petits pas aussi rapides et de petits coups secs aussi rapides, c’est très
féminin. Ce n’est pas le style de Rose, il est plutôt grognon et pataud, il ne
reste donc que toi. Aucune autre personne que vous cinq ne pourrait entrer chez moi de cette façon. Un de mes serviteurs l’aurait accompagné, annoncé et
introduit. Désormais tu fais partie de la famille ma petite chérie. Viens
plutôt m’embrasser au lieu de reste planté comme une grande asperge à
m’écouter. »

Tapioca
se dirige vers lui et lui fait un gros bisou sur ses deux joues. Le docteur
Melchior en rougit de bonheur.

Le
docteur Melchior :

« –
Tu es mon rayon de soleil. »

Tapioca :

« –
Merci docteur Melchior, mais je dois faire vite, Pierrot est au stade avec son
père et m’attend. »

Le
docteur Melchior :

« –
Je sais ma Petite chérie, tout est prêt. Prends cette enveloppe, il y a les
cartes dont Pierrot à besoin. Il n’a rien à craindre c’est le nom et l’adresse
d’un ami intime. Il n’est jamais en France. Il vit à Londres, c’est un grand
spécialiste de l’art préhistorique. Peut-être le verrez-vous. Quand il est en
France, il vient toujours passer quelques jours auprès de moi. C’est un grand
savant. Il pourra vous aider plus tard…Ah j’oubliais, lundi prochain à 9 heures
précise, un monsieur qui repartira par le train de 12 heures 30 sera devant
l’école avec toutes vos richesses. À 11 heures, il devra repartir. Préviens
Pierrot et personne d’autre, je devais simplement lui confirmer l’heure. »

Tapioca :

« –
Je peux voir le papillon et lui dire bonjour. »

Le
docteur Melchior :

« –
Retourne-toi et regarde : »

Tapioca
se retourne pendant que le docteur appuie sur un bouton situé sous le bras de
son fauteuil. La glace sans teint placée au-dessus de la cheminée s’ouvre et le
papillon apparaît dans toute sa splendeur.

Tapioca :

« –
Qu’il est beau, il l’est encore plus dans votre château. »

Le
papillon reconnaît Tapioca et bat des ailes pour lui dire bonjour.

Tapioca :

« –
Il me salue docteur Melchior ! » et elle s’approche de lui pour lui
parler :

« –
Bonjour, gentil papillon, comment trouves-tu ton nouveau pays, tu es dans un
bel endroit. À peine arrivé, tous voulaient t’enlever. Heureusement que Pierrot
est malin comme un singe. Tu es très beau ?. je déclare devant témoin que
tu es le Chevalier des papillons et tu porteras le nom de : Umagu…Elle éclate
de rire et se retourne vers le docteur Melchior. »

Docteur
Melchior, pourquoi vous battez-vous pour nous ? Pourquoi nous avoir
choisi ?

Le
docteur Melchior :

« –
Mais, je ne vous ai pas choisi, c’est vous qui êtes venus me chercher. Au fur
et à mesure de nos rencontres, vous allez découvrir le monde, vous comprendrez
alors qui je suis et ce que je fais sur la terre. Je dois trouver des relais
que je dois former, éduquer, les choses que nous ferons. Ensemble, elles seront plus nombreuses
et ma mission n’en deviendra que plus prolifique. Mais nous aurons tout le
temps d’en reparler. Viens m’embrasser et sauve-toi vite, Pierrot t’attend. »

Tapioca
s’exécute et s’esquive par la même petite porte par laquelle elle est venue.
Prévenue de son départ par le docteur Melchior, Rose va la refermer à double
tour pensant que pour aujourd’hui, plus aucune visite ne viendra les
déranger.

Tapioca
s’est absenté une bonne demi-heure et le match en est arrivé au dernier quart
d’heure de la première mi-temps. Le Réveil mène 1 à 0. Sur la touche,
les gens crient, gesticulent, s’apostrophent, d’autres hurlent, applaudissent, c’est l’euphorie. Pourtant
vers la quarantième minute de jeu, La Pallice égalise et c’est sur la marque de
1 à 1 que le repos est atteint. À la quarante cinquième, l’arbitre siffle la
mi-temps. Il y a quinze minutes d’attente avant la reprise.

Pendant
que les joueurs récupèrent de leurs efforts, André et les enfants se rendent à
la buvette. Il offre à Pierrot un soda et un verre de limonade à Gros Sel. Il
se commande une bière et se gausse d’explications sur les raisons de cette
parité parfaite à la moitié du match, en fin technicien. Il explique que
l’adversaire à beaucoup couru et il les voit s’effondrer en seconde mi-temps.
Tous les copains font bloc autour de lui. Tous apprécient ses connaissances
footbalistiques, bien qu’inédites. La plupart, comme André n’ont jamais touché
un ballon. Ils pensent eux aussi que cette seconde mi-temps sera une apothéose
pour le Réveil.

André :

« –
Je parie pour 2 à 1 ou 3 à 1 pour nous, hurle t-il à la cantonade. Nous allons
gagner, je le sens.

Pierrot
s’est mis à l’écart de cette agitation contagieuse et s’est rapproché de la buvette. Tapioca
est à quelques pas de lui. Il fait mine de ne pas la voir. Gros Sel l’aperçoit
et la rejoint. L’arbitre vient de siffler la reprise, tous se séparent pour regagner leur place. C’est le moment que choisit Tapioca pour remettre la
lettre à Gros Sel qui s’en saisit et la met dans sa poche. Puis, elle regagne
le bord du terrain en s’asseyant dans l’herbe, le dos appuyé sur un poteau.
Pierrot lui fait un sourire et elle répond en montrant son pouce. Pour ceux, qui
la verraient faire se signe, ils penseraient, qu’elle est satisfaite du match.
En réalité c’est un code pour indiquer que tout est rentré dans l’ordre.
Pierrot est soulagé, il peut regarder le match qui vient de reprendre sous les
cris et vociférations du public déchaîné.

André
aperçoit Tapioca

« –
Pierrot, ta copine est là-bas, appelle-la, elle est toute seule. »

Pierrot
glacial :

« –
Laisse là ou elle est, elle vit sa vie et moi la mienne, à l’école c’est la
guerre, elle veut être la première, et moi aussi. »

André :

« –
Je vois, il y a de l’eau dans le gaz, c’est dommage, je l’aime bien cette
petite et elle va bien avec toi. »

Il
reprend le cours du match. Les cris triplentnt d’intensité quand Loulay prend
l’avantage 2 à 1. Les joueurs redoublent d’efforts et réussissent à marquer le
but libérateur. Le score final est de 3 à 1. L’arbitre libère les joueurs et
c’est de la folie sur le terrain. Les joueurs se congratulent, les buteurs sont
adulés et chacun refait le match à sa façon. Les joueurs filent à la douche et
les autres à la buvette.

Jacques
David est heureux comme un roi, il invite André son sponsor de dernière minute
au pot de l’amitié de fin du match. Il remercie publiquement André de son
soutien pendant qu’André est à deux doigts de penser que la victoire lui appartient de droit.

Il
est tellement occupé à essayer de séduire ceux qui l’entourent, qu’il ne
remarque pas Gros Sel remettant à Pierrot l’enveloppe contenant les cartes de
visite de l’inconnu. Profitant de cette liberté relative, il sort une carte et
la lit. Le nom et l’adresse ont été imprimés par le docteur Melchior.

Monsieur
le Comte Richard d’Alembert de La Fenière

Docteur
en paléontologie.

10, street bridge Londres England

2
Rue de la Combe aux loups. Paris 75004

6
rue Saint-Gelais. Niort 79000

Téléphone :
Paris 0146196449

Niort O549516500

Parfait
se dit-il, il passe son doigt sur ce papier gaufré qui porte les armes de ce
Monsieur qu’ils ont créé ensemble, mais qui existe désormais vraiment et voyage de par le
monde… Il vient enfin de boucler la boucle et demain matin comme prévu, il va
lancer le bouchon un peu plus loin. Son père veut du spectacle, il ne sera pas déçu.

Pierrot dans sa tête:

“- Cette première manche se termine et j’ai désormais toutes les cartes
en main. Il range tout dans sa poche et retrouve son père, qui ne s’est même
pas aperçu de son absence momentanée.”

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