Le rhum est une des conséquences de la conquête de l’Amérique, où, dès le XVIe siècle, les Européens plantèrent la canne à sucre originaire d’Asie.
Dans leurs empires coloniaux, les Portugais et les Espagnols, puis les Français et les Anglais, qui savaient déjà l’art de produire l’eau de vie, tirèrent très tôt du jus de canne une boisson fortement alcoolisée.
Les progrès de la distillation en permirent la production sur une grande échelle.
D’abord réservé à l’usage des noirs, des boucaniers et de tous les écumeurs des mers du Nouveau Monde, le rhum fut aussi utilisé sur les côtes d’Afrique comme monnaie d’échange dans la traite des esclaves.
En tant que boisson, il ne se répandit en Europe et en Amérique du Nord qu’au cours du XVIIIe siècle.
Jusqu’à nos jours, sa production et sa consommation demeurèrent liées aux bouleversements coloniaux et aux convulsions des métropoles, dont la principale fut la Prohibition dans les Etats Unis des années vingt.
Dans l’évolution de cette boisson devenue quasi mythique, se reflète une bonne part de l’histoire mouvementée des deux rives de l’Atlantique.
La canne à sucre est introduite en Amérique par Christophe Colomb, lors de son deuxième voyage (1493).
Importées des Canaries, des tiges sont plantées sur l’île d’Hispaniola (Santo Domingo), et la première cargaison de sucre partira vers l’Espagne en 1516. Maîtres des Grandes Antilles, les Espagnols ne s’étaient guère intéressés aux Petites Antilles qu’ils avaient pourtant découvertes.
Ainsi, la Guadeloupe où le Vice-amiral des Indes posera le premier pied lors du fameux deuxième voyage fut occupée par les Français en 1635 (Expédition Liévart de l’Olive).
D’après les écrits du Père Labat (fin du XVIIe siècle) la canne existait bien avant l’arrivée des premiers colons français, issue probablement des premiers plans d’Hispaniola.
Forts de leur savoir-faire en matière d’eau-de-vie, les Français dressèrent des plantations entièrement consacrées à l’exploitation cannière.
La révolution du sucre pouvait alors commencer.
C’est vers 1640 que l’histoire du rhum débute.
Les premières eaux-de-vie de canne apparaissent sur l’île de La Barbade, alors possession anglaise.
Dans les colonies françaises, il faut attendre l’Histoire générale des Antilles, père Du Tertre, 1667, pour avoir la première description de la fabrication de l’alcool de canne.
Un autre ecclésiastique, le père Labat perfectionnera le processus de distillation avec ses alambics.
Ainsi, l’amélioration de la qualité, grâce aux progrès techniques et le partage du marché mondial du sucre entre les deux puissances coloniales, France et Angleterre, profitera largement aux producteurs de rhum guadeloupéens.
Avec les premières arrivées de sucre, la Couronne de France comprend combien cette denrée est exceptionnelle et les commandes, via la Compagnie des Indes Occidentales, se développent de manière à concurrencer les productions anglaises.
La France récupère finalement dans son domaine colonial l’île en 1674, afin qu’elle soit totalement dévolue au commerce du sucre et, bien évidemment, du rhum.
Devenue littéralement L’île à sucre , la Guadeloupe possède 334 moulins en 1775 et exporte du rhum, en particulier lors de l’occupation britannique entre 1759 et 1763.
L’île vend surtout de la mélasse aux colonies anglaises d’Amérique du nord (21 000 hl en 1770), très peu en France (moins de 3 000 hl), et sa production de rhum est consommée sur place à 93% (21 120 hl la même année).
La Révolution française se traduit dans l’île par l’insurrection des esclaves et la terreur noire.
La plupart des planteurs blancs disparaissent.
L’ordre est rétabli par Bonaparte, puis par les Anglais jusqu’en 1814.
La production de rhum se maintient tant bien que mal parmi tous ces bouleversement de l’Histoire…
Elle connaît alors une évolution en deux temps dans les Antilles françaises : la progression, lente au début du XIXème, s’accélère à partir de 1854.
A la fin du siècle, le rhum des colonies connaîtra son âge d’or, avec une Martinique devenue premier producteur du monde.
Ces progrès suivent la consommation européenne. Les exportations guadeloupéennes, stimulées par la création de distilleries supplémentaires, se montent en 1892 à 36 000 hl, chiffre qui équivaut à la consommation intérieure.
La catastrophe de la Montagne Pelée à Saint-Pierre (1902) handicapera considérablement l’industrie rhumière martiniquaise, et bénéficiera à la production guadeloupéenne qui exportera 58 280 hl en 1903.
Mais le chiffre record (195 800 hl en 1919) sera atteint lorsque les armées réclameront un peu de vie dans l’eau des poilus de la Grande Guerre.
L’Histoire le démontre : sans sucre, pas de rhum.
La demande mondiale du premier a formidablement servi le second.
Ainsi, pour la Guadeloupe, produire de la mélasse et l’exporter c’était aussi promouvoir son propre rhum agricole, forcément meilleur…
L’aventure du rhum est complexe. Elle traverse des périodes troublées mais le produit restera toujours un alcool porteur de rêves, riche en arôme et au caractère fier.
Ce tafia quasi imbuvable qu’ingurgitaient les matelots avant l’abordage, cette eau-de-vie que les planteurs donnaient à leurs malheureux esclaves, est le digne héritier du breuvage salutaire qui réconforta les soldats des tranchées.
L’alcool dépasse alors le registre alimentaire pour atteindre une vraie dimension humaine, résultat probablement jamais obtenu par l’un de ces nombreux concurrents…
Un texte du milieu du 17ème siècle parle de cette eau-de-vie sous le nom de tue-diable et rumbullion tue diable décrivant la force dégagée par cet alcool.
A la fin de ce siècle, la désignation tue-diable semble disparaître et le mot rum , traduction anglaise de rhum abréviation de rumbullion est utilisé communément.
A ses débuts, le rhum était la boisson des esclaves et des marins.
En 1655, l’Amiral Penn, membre éminent de la Royal Navy, institua la distribution quotidienne de rations de rhums aux marins.
Mais c’est en 1731 que l’Amiral Vernon la remplaça par un mélange constitué de deux volumes d’eau pour un volume de rhum. Le plus souvent, un trait de jus de citron y était ajouté pour lutter contre le scorbut.
Ce mélange était appelé grog du surnom de l’amiral: Old Grog.
Aux Antilles, les Anglais avait également pris l’habitude de marier le rhum à plusieurs autres ingrédients : thé, sucre, citron, cannelle… Ils donnèrent à ce cocktail le nom punch.
Un autre amiral anglais, Nelson, apprécie le rhum.
Le 21 octobre 1805, il défait la flotte franco-espagnole, mais y perd aussi sa vie.
Conformément à son testament, son corps sera ramené en Angleterre, plongé dans un tonneau de rhum.
Durant le voyage mortuaire, le précieux breuvage attira la convoitise des gardiens de la relique, qui y allèrent de leurs godets.
D’où les expressions taper l’amiral et encore boire le sang de l’amiral…
Rira bien qui rira le dernier…:
Les plus gros buveurs de rhum étaient le plus souvent les boucaniers et autres aventuriers.
A cette époque, l’un des problèmes les plus graves auxquels la Marine anglaise devait faire face était la désertion :
les pirates avaient pour habitude de recruter leurs équipages en saoulant les marins dans les ports; saouls ils n’étaient pas en état de répondre à l’appel.
Les bateaux anglais partaient en abandonnant ces quelques marins qui n’avaient plus d’autres solutions que de devenir pirates à leur tour !
Mais les pirates étaient parfois pris à leur propre piège comme en témoigne la mésaventure survenue à John Rackam dit Rackam le Rouge et à son équipage.
Après avoir vidé toute la cargaison de rhum prise à un bateau qu’ils avaient abordé, les redoutables pirates, trop saouls pour résister, furent capturés par la Marine Royale anglaise.
Cette aventure se termina par leur pendaison en 1720.
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