Il ne reste plus qu’à attendre. Les enfants d’Umaguma s’assoient autour de la cabane, leurs jambes croisées et taillent des javelots de bois dans des branches effeuillées. Gros sel et Pierrot leur ont prêté leur couteau et Gros lard son canif.
Uma finit de ranger les larges feuilles de caoutchouc pour que l’orage qui se prépare ne mouille pas les branchages et que l’eau ne pénètre pas dans la cabane improvisée. Comme les feuilles sont larges et longues elle y parvient sans aucun soucis..
Toutes les cinq minutes, elle redescend jusqu’à sa petite troupe et plaque son oreille sur le sol pour se rassurer, inquiète d’un éventuel retour des monstres pour se nourrir. Elle regarde ensuite le Docteur Melchior, pour se décharger d’un fardeau de surveillance qui lui semble bien lourd à porter. Pourtant il n’y a plus aucun danger dans l’immédiat.
Puis, elle remonte un peu plus haut, là où il se sont cachés tout à l’heure pour finaliser la cabane d’Umaguma afin que chacun soit bien à l’abri pendant l’orage qui s’avance de plus en plus tant le ciel s’est assombri.
Les débris de bois et de feuilles sont une aubaine il n’y a plus qu’à les ramasser, la cabane sera grande, solide et tous pourront se protéger. En
l’absence de son homme, c’et elle pense t’elle qui a la responsabilité du groupe et elle doit en assurer la sécurité mais aussi le confort.
Ses petits vont l’aider et chacun sait ce qu’il doit faire. L’orage gronde et les premiers éclairs sont aperçus au loin. Ils doivent donc se dépêcher l’orage les aura rejoint dans peu de temps.
Le Docteur Melchior réunit son petit monde et leur dit :
– “Il est temps que je vous explique tout ce que nous allons faire et pourquoi Umaguma nous a quitté. Il va revenir avec ses amis, il sera fier et admiré. Il en profitera pour demander de l’aide pour nous. Demain ils nous aiderons à réparer l’Intemporel. Il n’est pas loin d’ici, dans deux jours d’ici nous profiterons de la position des étoiles pour rentrer chez nous. ”
Il avait à peine terminer sa première explication que l’orage éclate là tout près. D’abord un grand éclair zèbre le ciel de haut en bas. Il semble sortir des entrailles de la terre, au milieu des rochers pour rejoindre l’azur dans une ligne brisée, incandescente.
Il éclaire de toute sa puissance lumineuse les nuages noirs, sales,violets, accumulés les uns contre les autres, mais ils sont encore tout au fond du ciel.
On dirait l’arrière d’un troupeau de moutons rentrant dans une bergerie par la seule porte entr’ouverte. Un bruit sourd roulant comme une escouade de tambours, parvient jusqu’à nos amis quelques secondes plus tard. Il ne pleut pas encore.
Mais à la vitesse d’un cheval au galop tirant une immense bâche noire d’écume derrière lui, le ciel se referme tout entier. Un arc en ciel se découpe sur l’horizon tout au fond du ciel, dans une magnifique auréole multicolore indiquant que là-bas, l’orage a lavé les sols, purifié les airs, chassé la chaleur jusqu’à la fin de son tintamarre assourdissant.
C’est une signature imaginée par les habitants du ciel en fidèles compagnons de l’orage, ils saluent la fin de cette orgie, à chaque fois ou presque. C’est comme un au revoir coloré, marqué des 7 couleurs de la lumière. c’est un contraste saisissant derrière le passage des noirs nuages déversant sous eux des tonnes de pluie serrée tombant dru en inondant les vertes contrées jaunies depuis le matin par un soleil tenace et harassant..
Les éclairs redoublent d’intensité. Nous assistons à un pilonnage du ciel qui se fend de part en part, il se déchire sur toute la hauteur de la voie céleste. On dirait qu’il va partir en lambeaux. Les éclairs crépitent de 1000 flashes instantanés, comme une mitraillette avant de s’enrayer. Il y a bien quelques pétards mouillés qui nous sussurrent à l’oreille un chuintement désuet, presque aphone.
Mais, dans la seconde qui suit, un redoublement de la violence magique du ciel nous pétrifie. Un léger vent tourbillonnant fait voler les feuilles en l’ air et imprime sur l’eau des rizzées comme si elle tremblait de peur ou de froid.
C’est la nature, elle subit en permanence. Il y quelques heures témoin impuissante d’un combat de monstres entre deux géants qu’elle a elle même engendré. Mère et soeur de filles, de fils, d’enfants, de démons destructeurs dans un monde qui nous protège mais aussi par moments nous crucifie en engendrant les colères de Dieux qui se traduisent comme ici de manifestations incandescentes d’un méli-mélo de lumières zébrées , de sons, d’eau et parfois de feu comme le serait un immense feu d’artifice aux couleurs incontrôlables mais qui après coup régénère une certaine douceur et fraîcheur de vivre loin d’être désagréable.
Les roulements du tonnerre résonnent dans ce lointain. Ils montent jusqu’à nos oreilles meurtries et claquent dans la pénombre qui s’est installée. Puis les nuages honnis se déchirent, provoquant le serrage de nos cœurs meurtris par la peur qui s’installe par ces flèches de lumière et de bruits.
Le ciel s’obscurcit de plus en plus, virant ou tournant rapidement au ton laid noir. Il est pourtant seulement le début de l’après midi mais les ténèbres font croire que les aiguilles de l’horloge ont fait un jogging matinal et possèdent douze tours d’avance sur le temps .
Un éclair mi-rougi mi-violacé zèbre le ciel suivit de peu par un violent coup de tonnerre qui se répercute longuement dans les tympans. Les rochers en tremblent de peur et sont secoués par l’intensité du son pendant que nos mains s’agitent à la manière d’un essaim dérangé en se protégeant spontanément les oreilles d’un réflexe instantané.
Nous avons tous peurs et attendons fébriles la suite du pilonnement bruyant. Dehors, c’est déjà la nuit !
La teinte du ciel devenue couleur charbon de bois brusquement s’embrasa.
Subitement, d’autres éclairs bien rouges violacés fendent l’espace, reliant d’un coup en prise directe la terre et le ciel. Un déluge de boules de feux tirées depuis le sol s’explosaient tout là-haut comme les boules de feu d’un quatorze juillet.
Une grêle brutale s’invite au sinistre orage et fracasse les roches ou nous sommes réfugiées. Les grêlons s’introduisent de force en rebondissant jusqu’à nos pieds. Les petits se bouchent la vue pour ne pas assister à l’horreur qui passe par là, à quelques pas d’eux, juste sous leurs yeux.
C’est un orage comme aucun d’entre nous n’en ont presque jamais vu. L’absence de Printemps a modifié les données fondamentales de la Nature .
les dards du soleil frappent de plein fouet la terre à poil de feuillages pour atténuer ses effets ; en cette période d’orage, les ions négatifs du sol et les ions positifs de l’ionosphère en surdose finissent fatalement par s’échanger d’une manière forte et brutale un peu à la manière d’un combat de dinosaures. C’est ici difficile d’en sortir.
Les coups de foudre sur coups de foudre se succèdent, s’enchaînent et donnent naissance à un espace rayé, zébré, hachuré où on ne savait pas encore si les éclairs blancs finiraient par totalement l’emporter sur le noir du noir peint par la folie du peintre des cieux
Les nuages saignent de la pluie. Fine d’abord, les premières gouttes ont fait monter de la terre une petite poussière invisible qui nous a pris à la gorge en dégageant une odeur de foin juste coupé. Chaque situation nouvelle éveille nos sens d ‘effets connus ou inconnus qui marque de toute façon chacun d’entre nous.
On ne s’habitue pas à l ‘irréel. On le subit, on le partage mais on en a peur, nous n’avons aucun repère pour l’ accepter, le comprendre et le dominer. Mais, très vite, les gouttes de pluie, perles du néant grossissent et viennent percuter le sol avec une force inouïe. Chaque seconde amène de nouvelles violences auxquelles on ne s’attend pas
Nous sommes tous réfugiés sous les feuilles de la cabane improvisée par Uma et ses enfants, nos imperméables sur la tête. La pluie redouble. Sur la mare chaque goutte touchant l ‘eau, provoque une onde de choc qui s ‘éloigne en faisant de multiples petits ronds qui s ‘agrandissent au fil de l ‘eau.
Un vent violent s ‘est levé, il couche la pluie en une ligne oblique. Des feuilles s ‘envolent en tourbillonnant. La cime des arbres est ballottée d’un côté sur l’autre. Plus loin, là bas une boule de feu tombe sur un arbre qui s’écrase dans un fracas épouvantable. Quelques flammes jaillissent, mais la violence des trombes d ‘eau qui s’abattent sur la forêt les éteignent aussitôt.
Le Docteur Melchior :
– “Vous avez vu comment les incendies éclatent par ici, juste sous vos yeux.”
Pierrot n’est pas plus rassuré que tous les autres:
– “Quel orage Docteur Melchior, quelle violence, ils sont toujours aussi fort ?
Le Docteur Melchior:
– ” ici, il y a tellement d ‘arbres qui emmagasinent des charges électriques que quand l ‘orage éclate il fait du bruit et de la lumière.”
Tapioca :
– “Mais c’est beau…, j ‘ai encore pris des photos.”
Elle a changé de pellicule et en a mis une tout neuve. Avec tous ces évenements, elle ne va pas durer longtemps.
Le Docteur Melchior :
– “Ton métier est tout trouvé Béatrice, tu seras photographe.”
Tapioca :
– ” Je voudrai bien, mais mes parents ne sont pas d ‘accord. Ils veulent que je sois institutrice. Ils disent que photographe ce n’est pas sérieux. C’est pas un métier d’être artiste….”
Le Docteur Melchior:
– ” Tu sais , ils auront le temps de changer d’avis…”
Le tonnerre couvre leur voix, les enfants sont tétanisés, jamais ils n’ont vu un spectacle pareil.
Seul Gros lard dit :
– “Une fois, à la montagne, j’ai eu très peur. L’ orage était si fort que le courant a été coupé. Toute la journée nous nous sommes éclairés avec des bougies. Il paraît que la foudre était tombée sur le transformateur. On s’est bien amusé, surtout la nuit tombée.”
Le Docteur Melchior regarde sa montre… et dit:
– “ça fait une bonne heure qu ‘Umaguma es parti, il ne va pas tarder à revenir, vivement la fin de la pluie.”
Le vent cesse presque aussitôt, les nuages se sont déchargés de la douleur du poids de l’ eau et semblent remonter vers le ciel. Le soleil transperce à nouveau le coton moelleux des cumulus et des nimbus. Ils se sont déchirés en déversant des tonnes et des tonnes d’eau sur la terre. Un grand pan de ciel bleu réapparaît.
Le Docteur Melchior:
– ” C’est fini, le beau temps est revenu.”
Pendant qu’il parle aux enfants, il a l’œ ouïe aux aguets, et l’ oreille attentive… Il se sent comme surveillé. Il se sait toujours entouré du génie du mal et du génie du bien, l ‘un le guide, l’ autre le déroute. Pourtant, depuis qu’ils sont ici, Lucifer ne s’est pas montré. Peut-être se sent-il mal à l’ aise dans un monde encore plus féroce que le sien. Son attention est attirée par une ombre. Elle semble monter et descendre des arbres.
Ne voulant pas alerter inutilement son petit monde, il s’ arrête de parler et demande aux enfants de rester là, de se tenir sage. Il sort rapidement de la cabane improvisée où se cachent les enfants.
Le docteur réfléchit très vite. Il se pose tout de suite les questions les plus évidentes. Pourquoi est-il encore angoissé ? Tout à l’heure après le combat, tout allait bien. Même après le départ d’Umaguma, il n’avait pas le coeœur serré.
Soudain, il comprend, quand l’ orage a éclaté, le tonnerre grondait, les éclairs zébraient le ciel comme une parure de lumière le jour de Noël. Une pluie drue et forte frappait le sol avec énergie, le creusant. Elle l’ a raviné, parfois labouré.
En pente douce, l’ eau s’est écoulée vers la mare, nettoyant le sol. Les taches de sang ont presque toutes disparues, la boue cache le reste. L’étang a reçu toutes les eaux qui ruissellent de la colline, l’ étang est monté, l’ eau arrive maintenant jusqu’ au bord. De l’autre côté, elle s’ écoule par le bras de la rivière. Il ne reste plus par ici que quelques tâches rougeâtres et des plantes écrasées.
Les gros nénuphars ont disparus, volatilisés, mais tout repoussera très vite. L ‘orage s’en est allé, comme il est venu, le soleil a réapparu, mais là, quelque chose n’a pas fonctionné. C’est ce silence qui ameute le Docteur Melchior.
Les oiseaux devraient piailler, gazouiller, s’envoler. Au contraire, ils se taisent. Ils sont immobiles cachés dans les feuillages. Pourquoi ? Le docteur ne s’ en est pas rendu compte immédiatement, mais le vide l’ a alerté. Pourquoi ? Il y a un danger, mais lequel ? Il analyse la situation, pense à un animal sauvage qui s’approche pour se désaltérer …mais c’est impossible il ferait du bruit. Peut-être une hyènne. Mais nous sommes en plein jour. Les hyènnes ne chassent que la nuit.
Et si c’était des hommes qui se cachaient quelque part.. Oui, ce doit être des hommes qui, alertés par les cris des dinosaures se sont approchés et les observent. Ils sont arrivés juste avant l’orage, ils les espionnent.
Ils doivent être plusieurs, mais ne se montrent pas. Ils peuvent par contre les attaquer, voir les blesser. Maintenant, il n’en doute plus. Des ennemis sont cachés par ici, ils les surveillent. Il doit réagir immédiatement, les provoquer ou les impressionner.
Il se déplace d’un pas alerte et va se placer devant la tête du dinosaure. Il la soulève et la rejète avec force. Il plante dans son cou un bâton pointu, puis il se dirige vers la queue. Il la soupèse, la prend dans ses bras, et la cloue sur le sol avec un second bâton.
Ce manège n’a qu ‘un seul but, impressionner d’éventuels observateurs. Il veut montrer qu ‘il est le plus fort, qu ‘il ne craint personne. Il veut montrer qu’il a vaincu seul un dinosaure et fait fuir les autres car un jeune mâle est rarement seul. Quoique se dit il… Les enfants le regardent, pourquoi Le Docteur Melchior fait il toute cette mascarade ? Que se passe t-il encore se demandent t-ils ?
Uma regroupe aussitôt tout le monde autour d’ elle inquiète.
Gros Sel:
Mais que fait-il ?
Pierrot:
– “Chut ! , le Docteur sait toujours ce qu ‘il fait, il se passe quelque chose que nous n’avons pas vu ou compris et il imagine une mise en scène.”
C’est en effet ce que pense le docteur. En se montrant près du cadavre du monstre, personne n ‘osera l’attaquer. Il doit gagner du temps et attendre le retour de la tribu des Umagums.
Après, tous ensemble, ils aviseront. De toute façon ils doivent être peu nombreux, sinon, ils se seraient montrés dès la fin de l’ orage pas surprise. Ils les auraient attaqué pour voler la viande, c’est la seule chose qui les intéresse.
Le Docteur Melchior comprend tout, mais il ne voit rien, ni personne mais il sait qu’ils sont là. Alors, il lui vient une idée et appelle Pierrot:
– “Pierrot viens ici avec tout le monde et faites du bruit, ramenez toutes les herbes et les bois de la barricade et entourez le dinosaure avec.
Alerté par les cris horribles des dinosaures, la tribu des Zonages habitant sur les hauteurs des collines surplombant la forêt, ont envoyés une dizaine de chasseurs en observateur.
Ceux-ci sont arrivés au moment où Umaguma et le Docteur Melchior discutaient. Ils ont pensé que les deux hommes se sont battus avec le dinosaure et l ‘ont tué. Ils doivent être très forts pensent ils, ils sont impressionnés. Ils les craignent aussitôt eux et leur tribu bizarre qui les accompagne. D’autre part ils ont reconnu Umaguma. Ils connaissent sa bravoure et sa force, mais là c’est exceptionnel.
D’un autre côté, il y a à manger pour plus d’un mois et pour toute leur tribu et ce sont avant tout des chasseurs. Ils sont d’ailleurs soulagés de voir Umaguma s’éloigner, mais n ‘osent pas s ‘en prendre au vieil homme. Il leur fait peur. Un dinosaure comme celui-ci représente à manger pour plus de 50 guerriers à lui tout seul. Mais mieux vaut ne pas prendre de risque. Deux chasseurs retourneront chercher de l’ aide à la tribu, pendant que les autres surveilleront tout ce petit monde sans se montrer, évidemment.
Mais le Docteur Melchior connait bien la jungle et ses travers, il vient de tout comprendre, il va donc devoir les impressionner d avantage. Les chasseurs Zonages pétrifiés n’ osent même plus bouger, de peur d’être découverts. Si ‘il a mis en pièce un dinosaure, ils ne pèseront pas bien lourd face à lui. Ils décident donc de battre en retraite et de rester cachés en observateur, sans être repérer ils verront ce ce qu’il sera temps de faire quand les autres vont revenir.
Pendant ce temps…..A suivre………épisode 35
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