Les produits "bio", pour biologiques, connaissent un véritable succès. La demande décolle à tel point qu’elle est supérieure à l’offre. La gamme de produits est de plus en plus large : des légumes à la viande en passant par les oeufs, tous les produits végétaux et animaux ont leur label 100 % naturel. Marchés, grande distribution. Le monde voit Bio. Et vous ?
Du bio à toutes les sauces
Oeufs, viandes, céréales, fruits. Les produits Bio sont partout ! En quelques années, ils ont envahi les étals des marchés et la grande distribution. Crise de la vache folle et autres dioxines ne sont certainement pas étrangères à ce succès rapide. D’où vient cet engouement ? Qui sont les consommateurs de Bio ?
Le "Bio" : un effet de mode très encadré
Qui sont les consommateurs de produits bio ?
Les produits bio ont le vent en poupe
Bio : le nouveau règlement européen
La viande bio
Les labels bio
Les légumes bio sans pesticides
Devez-vous manger Bio ?
De plus en plus de choix et de variété à des prix plus abordables. Des garanties sans OGM, sans pesticides. Il est de plus en plus tentant d’opter pour ces aliments 100 % naturels. Quels sont leurs bénéfices santé ? Sont-ils meilleurs au goût ?
Toute la vérité sur le bio.
Manger bio, est-ce vraiment meilleur pour la santé ?
Privilégier le bio pour une alimentation plus saine
Le bio : mythes et réalités
Y’a bon le bio ?
Protéger la nature avec le bio
Les produits bio sont-ils meilleurs pour la santé ?
Produits Bio : choisir sans se tromper
Grandes surfaces, marchés, petits commerces. les produits biologiques sont distribués partout. Et la demande et de plus en plus forte, obligeant à importer ces aliments. Plusieurs fraudes ont déjà été décelées. Alors comment être sûr d’acheter vraiment bio ?
Suivez nos conseils pour éviter les arnaques !
Manger bio, est-ce vraiment meilleur pour la santé ?
Querelle d’experts autour des produits bio et de leurs atouts pour la santé : des scientifiques français viennent de publier deux actualisations plutôt contradictoires du rapport consacré à ce thème par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments en 2003. Le point sur les enseignements des dernières études.
Les aliments biologiques sont-ils réellement meilleurs sur le plan nutritionnel ? Sont-ils vraiment épargnés par les nitrates et les pesticides ?
Bénéfices nutritionnels : un pavé dans la mare en 2009
Une publication anglaise de 2009, s’appuyant sur l’analyse de dizaines d’études réalisées depuis 50 ans1, a semé le doute, ne reconnaissant aucun bénéfice nutritionnel aux aliments issus de l’agriculture biologique, comparés aux produits issus de l’agriculture conventionnelle.
Toutefois le Dr Denis Lairon, chercheur de l’Inserm qui avait coordonné le rapport de l’Afssa2 en 2003, relativise cette publication3 : "dans un premier rapport compilant 162 études internationales, les experts britanniques avaient conclu, comme les Français, à divers atouts des aliments biologiques. C’est ensuite, en éliminant une centaine d’études pour n’en retenir que 55, qu’ils n’ont plus trouvé de différence significative. Or, pour qu’une revue de synthèse ait une valeur scientifique, elle doit prendre en compte suffisamment d’études".
Depuis 2003, de nouveaux travaux ont été réalisés. Les résultats de l’étude européenne QLIF4 et de recherches françaises de l’INRA sont en cours de publication, mais on dispose déjà de données sur des aliments produits pas trop loin de nos frontières, en Suisse et en Allemagne notamment.
Pourtant les aliments bio contiennent des nutriments intéressants
Selon le Dr Denis Lairon, qui a publié en 2009 dans la revue Agronomy for Sustainable Development une synthèse de ces données récentes5,6, les légumes bio contiennent davantage de matière sèche (jusqu’à 20%), et donc moins d’eau. Certains apportent un peu plus de minéraux : magnésium, fer, ou zinc. La pomme de terre et la tomate bio sont souvent plus riches en vitamine C. Si ces données sont parcellaires, parce que tous les minéraux et toutes les vitamines ne sont pas étudiés, ils sont encourageants quand on sait que la densité nutritionnelle des végétaux de l’agriculture conventionnelle intensive peut être amoindrie par l’épuisement des sols.
Le point fort des fruits et légumes bio est leur teneur généralement plus élevée en polyphénols. En l’absence de pesticides de synthèse, ces composés s’accumulent dans les végétaux, pour leur permettre de lutter contre les insectes et autres agresseurs. Dans notre organisme, ils ont une action anti-oxydante, retardant le vieillissement cellulaire, et contribuant à la prévention des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers.
Le lait et la viande bio seraient plus riches en omega 3
Les viandes de vaches, agneaux, porcs, et volailles bio semblent moins grasses, toujours selon le Dr Denis Lairon3,5,6. Par exemple, dans une étude citée par ce même chercheur, des poulets bio abattus à 91 jours étaient 3 fois plus maigres que leurs congénères élevés en batterie abattus à 42 jours. Le mode d’élevage bio imposant l’accès des animaux à des pâturages ou des parcours, on peut penser qu’ils se dépensent plus et emmagasinent moins de réserves de graisses. Autre bon point, la viande des bovins et des volailles bio serait plus riche en oméga 3, ces bonnes graisses cardio-protectrices qui font défaut dans notre alimentation. Quant au lait bio, il fournirait plus d’oméga 3 et de caroténoïdes anti-oxydants (bêta-carotène, lutéine, xéaxanthine).
Mais ces atouts sont également contestés
Moins optimistes, Léon Guéguen et Gérard Pascal, membres du groupe de travail "Agriculture biologique" de l’Académie d’Agriculture de France, estiment que "les faibles différences observées dans les teneurs en quelques nutriments ou micro-constituants anti-oxydants n’ont pas de conséquences significatives sur la couverture des besoins nutritionnels ou de la santé. De plus, les réactions d’auto-défense des plantes attaquées par des insectes ou autres parasites provoquent la formation de composés autres que les polyphénols dont l’effet sur l’homme est mal connu"7.
Denis Lairon reconnaît qu’effectivement les données scientifiques sont encore limitées3 : "l’engouement du grand public pour l’agriculture biologique est tout récent : ce mode de production a longtemps été considéré comme une niche". Il paraît toutefois convaincu de l’intérêt pour la santé de manger bio, notamment les fruits, légumes et produits céréaliers, recommandés à chaque repas.
Moins de nitrates et de pesticides dans les produits bio
Obtenus sans utilisation d’engrais chimique, les végétaux bio renferment peu de nitrates5. Ces derniers sont des composés toxiques pour les enfants de moins de 6 mois et suspectés d’être cancérigènes chez les plus grands (une fois transformés dans l’organisme en nitrosamines).
Les produits bio sont également exempts, quasiment à 100 %, de résidus de pesticides5. Or d’après le dernier plan de surveillance de la Direction Régionale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), 52 % des fruits et légumes de l’agriculture conventionnelle en contiennent à une dose quantifiable8. Ces pesticides inquiètent scientifiques et organisations écologistes. On leur attribue de sérieuses perturbations de l’écosystème et de la reproduction des animaux, ainsi que diverses maladies professionnelles des agriculteurs (les premiers exposés), telles que cancers et atteintes neurologiques. Qualifiés de perturbateurs endocriniens, ils seraient aussi en cause dans la baisse de fertilité masculine.
Mais là encore, les études manquent. On sait que certains résidus de pesticides peuvent s’accumuler dans l’organisme humain, mais on n’en connaît pas encore les effets à long terme. Les femmes enceintes ou qui allaitent sont toutefois reconnues comme groupe à risque par les experts de l’Observatoire des Pesticides9.
Au total, des éléments plutôt encourageants
Toutes ces données, même si elles ne montrent pas de bénéfice net sur la santé, sont tout de même en faveur de la consommation de ces aliments, dépourvus ou presque de nitrates et de pesticides et paraissant contenir des nutriments intéressants.
De plus leur culture respecte davantage l’environnement, atout non négligeable à l’heure où les pouvoirs publics s’interrogent, par exemple, sur les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre la prolifération des algues vertes en Bretagne, directement liée à l’utilisation massive d’engrais azotés par les agriculteurs
Privilégier les végétaux de saison
Il est possible manger bio sans se ruiner, à condition de rééquilibrer les repas vers plus de végétal (céréales, légumineuses, fruits, légumes) et moins d’animal (viandes, poissons) : une recommandation commune au Programme National Nutrition Santé et aux partisans écologistes du bio. Il faut également se limiter aux fruits et légumes de saison, achetés si possible directement aux producteurs.
Quand on n’achète pas bio, on peut minimiser l’ingestion de résidus de pesticides en préférant les végétaux de saison produits en pleine terre (et non en serre), en les lavant, et en les pelant le cas échéant, avant de les consommer.
Sources :
1 – Nutritional quality of organic food : a systematic review. A. Dangour et al. Am. J. Clin. Nut. 90 : 680-85. 2009, résumé en ligne
2 – Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique, Afssa, 2003, téléchargeable en ligne (à partir du site du syndicat national des entreprises bio)
3 – Entretien téléphonique avec le Dr Denis Lairon, mai 2010
4 – QLIF pour Quality Low Imput Food (site du QLIF)
5 – Nutritional quality and safety of organic food. A review. D. Lairon. Agron. Sustain. Dev. 30 : 33-41. 2009, téléchargeable en ligne
6 – Intérêts nutritionnels et sanitaires des produits bio, D. Lairon. Conférence lors du salon professionnel de la nutrition Dietecom, mars 2010
7 – Le point sur la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique. L. Gueguen, G. Pascal. Cahiers de Nutrition et de Diététique, avril 2010, résumé en ligne
8 – Plan de surveillance et de contrôle des résidus de pesticides dans les denrées d’origine végétale. Direction Générale de la Consommation de la Concurrence et de la Répression des Fraudes.