Les enfants à l’affût des nouvelles…
Le lendemain dans la cour de l’’école, les enfants ne parlent que du retour du vieux Docteur MELCHIOR, chacun d’eux rêve en secret de pouvoir connaître ou découvrir ce qui se passe derrière les hauts murs du château.
Assis sous le préau, cinq garnements, Pierrot et sa bande sont en grand conciliabule. Il y a Pierrot, Gros sel, son petit frère, Tapioca appelée parfois Tartine, car elle adore la soupe au tapioca et les tartines au chocolat, elle a 10 ans. Saucisse, le fils du charcutier, 9 ans, et Gros lard un petit rouquin de 11 ans.
Il a l’air d’une boule de graisse avec des joues bien rondes pleines de tâches de rousseur. Ils engagent une longue conversation.
Pierrot:
“Demain, il n’y a pas classe, si nous allions au château ? Peut-être verra-t-on quelque chose.”
Gros sel:
“Je vais avec toi.”
Pierrot:
“Oui, mais tiens-toi tranquille.”
Gros sel:
“Ouais, chouette!”
Tapioca:
“Oui, d’accord, mais si on nous attrape?”
Saucisse:
“Balivernes, les contes de fée sont pour nos grand-mères, si c’était vrai, le docteur serait en prison depuis longtemps.”
Tapioca :
“S’i ils ne peuvent pas l’attraper, c’est qu’il est plus malin que les gendarmes.”
Gros lard :
“Il ne doit pas avoir trop de mal, ils sont si cons.”
Gros sel :
“Mais jamais personne n’a disparu à Loulay, on l’aurait su!”
Tapioca :
“Il a tué mon oncle Olive.”
Pierrot :
“Personne ne l’a prouvé. Il était au bout du monde quand ton oncle est mort. En plus il est mort dans son lit. De toute façon, si l’on veut en savoir plus, mieux vaut aller voir nous même. Que risque-t-on ? De se faire engueuler, d’être punis huit jours!”
Tapioca:
“Moi, je ne rentrerai pas dans le château.”
Gros lard:
“Personne ne peut y entrer. De toute façon, c’’est impossible, les murs sont trop hauts, la grille a un gros cadenas et une chaîne.”
Saucisse :
“Moi, je voudrais qu’’il me fasse faire un tour en ballon.”
Gros sel :
“Moi, j’’emmènerai le couteau de papa, celui qui a un cran d’arrêt pour me défendre.
Gros lard:
“Et moi, mon canif.”
Pierrot :
Bon on se retrouve sur la place de l’’église demain, à 9h30. Ok.
Tous d’un mouvement de tête donnent leur accord, ils se lèvent et chacun part dans son coin, l’esprit quand même un peut perturbé par la décision qu’ils viennent de prendre…
Le secret d’une équipe qui n’a pas froid aux yeux…
En attendant, nous gardons le secret. Joignant le geste à la parole, ils se serrent les mains et crachent dessus. Ils sont liés par un secret, un lourd secret.
A cinq, il sera dur à conserver. Mais à neuf heures trente le lendemain, tout le monde est bien là, bien présent. Le chef Pierrot est déjà satisfait de son petit monde. Ils réfléchissent à la meilleur façon de faire.
« Le plus simple, c’’est d’aller tourner autour du mur.» dit Tapioca.
« Allez, suivez-moi ! » dit Pierrot à la petite troupe un peu angoissée.
Ils se dirigent aussitôt vers le château, en prenant soin de ne pas être repérés. Dans le bas du village, ils se séparent en deux groupes.
Tapioca et Saucisse d’un côté, Pierrot, Gros sel et Gros lard de l’autre. Ils se rejoindront devant l’’entrée. Ayant fait le tour chacun de leur côté, ils se retrouvent devant la grille, mais rien n’’est visible.
Déçus, ils repartent vers le village. Arrivés au coin, de l’autre côté de la route, face au mur d’enceinte, Pierrot aperçoit un poteau téléphonique tout en bois juste posé.
Pierrot en vigie au grand mat des PTT…
N’écoutant que son courage, il grimpe au sommet. Il se sert des reposes pieds cloués le long du poteau. Les ouvriers les utilisent pour arriver en haut. Il est au-dessus du mur et a une vue d’ensemble qui domine le parc.
Des personnes s’’affairent autour d’’une grande toile immense. On dirait un gros ballon dégonflé, il y a des cordes partout. Devant le perron, la limousine est garée. Trois gros chiens sont allongés dans l’herbe.
Il voit le ruisseau et un petit pont de bois. Allongé dans un transat, au bord de la piscine à l’eau toute bleue, un vieux monsieur avec de longs cheveux blancs semble dormir.
Le regard intéressé, Pierrot contemple la scène. Il vient d’en voir plus à lui tout seul que tous les autres depuis des générations.
Tapioca :
“Alors, tu vois quelque chose?”
Pierrot :
“Attends, je regarde.”
Gros sel:
“Qu’’est-ce que tu vois?”
Pierrot :
“Je vois tout.”
Gros lard :
“C’’est quoi tout?”
Pierrot :
“Tout, je te dis.”
Tapioca:
“Mais quoi ? Explique!”
Pierrot:
“Attend.”
Il se penche pour mieux voir, mais son pied glisse, il perd l’’équilibre, et se rattrape comme il peut.
Pierrot:
“Merde !!!”
Tapioca:
“Attention ! Fais attention!”
La chute sur le plancher des vaches…
Ses pieds échappent aux cales pieds et il descend le long du poteau, comme il fait quand il joue à la corde lisse sous le préau de l’école. Il glisse rapidement jusqu’au sol sans se faire de mal et se relève aussitôt.
Tout le monde éclate de rire quand ils le voient se redresser. Ce n’est pas mardi-gras ce jour-là, mais il est noir des pieds à la tête. Pour éviter que les poteaux en bois ne pourrissent, les agents des PTT les badigeonnent de goudron.
Le soleil brûlant a détrempé, et fondu le goudron qui au contact de la glissade l’a maculé de haut en bas.
Tapioca :
“Mais que va-t-on faire ?”
Pierrot :
“Il faut que je me lave, je ne peux pas rentrer comme ça, surtout que mes vêtements sont foutus.”
Les petits rient sous cape.
Tous au vieux lavoir…
L’arrivée chez les Hillairet risque d’’être orageuse ! Tapioca, en bonne fille pratique a une idée. Il reste peut-être du savon au lavoir, mélangé à la boue, ça nettoie tout, je l’ai lu dans un livre.
Tout le monde acquiesce , qui ne tente rien n’a rien, mais Pierrot ne dit plus rien. Il est tout surpris par ce qu’il a vu, à vrai dire, pas grand chose, pas plus que dans le jardin de leur voisin.
Ils arrivent au lavoir, par le petit chemin, bordé d’’orties blanches très piquantes. Dans un coin, traîne un morceau de savon oublié par une lavandière, dans cet endroit qui ne sert presque plus jamais.
Tapioca prépare sa mixture avec de la vase et du savon. Non, sans mal, elle réussit à enlever une grande partie du goudron, il ne lui en reste que sous les doigts et sous les ongles.
Les bras, le visage et les jambes sont nets, par contre les vêtements et les chaussures sont “« destroy ». Il y a une maman qui ce soir n’appréciera pas. Ils s’apprêtent à repartir quand, Tapioca fronce les sourcils et montre le ruisseau à Pierrot.
Explorateurs en herbe…
Tapioca:
« Où il va le ruisseau ? »
Pierrot:
“Il traverse le parc du château, pourquoi?”
Tapioca:
«Par où ?”
Pierrot:
« Par là je crois, il entre sous le mur et ressort de l’autre côté, il s’écoule ensuite vers le château d’eau, c’est la Présence. Elle vient du cimetière. Ils s’approchent du mur, en silence, tout doucement, Pierrot se penche et son cœur bondit :
«regardez dit-il”
Tous ensemble:
“Quoi, quoi”
Pierrot:
“Regardez, la pelle”
Les enfants:
“Quoi la pelle, c’est quoi la pelle, où tu vois une pelle toi”
Pierrot:
“Justement elle n’y est pas, elle est enlevée.”
Tapioca:
“Mais c’est quoi la pelle?”
Pierrot:
“Toi, tu es bien une nana. Une pelle, c’est une plaque métallique qui se lève et se rabaisse pour arrêter ou laisser passer l’eau dans un barrage. Pour vider la rivière ou la nettoyer la pelle est enlevée. Elle se vide et ils peuvent la curer. Puis ils la remettent en place et le tour est joué, c’est très facile.”
Les enfants:
“Si les pelles sont enlevées, c’est qu’ils sont en train de le nettoyer, si on rentre par là, ils vont nous apercevoir”.
Pierrot:
“Non, j’ai vu le ruisseau tout à l’’heure et il n’y a personne dedans. Ils ont dû simplement le vider, ils le nettoieront demain. C’’est le moment ou jamais. Qui m’aime me suit. Je passe devant. Toi Tapioca, tu fermes la marche et surveilles bien les petits.
Le cœur serré, la peur au ventre, partagé entre l’envie de fuir et le désir de découvrir le château, les enfants se déchaussent, depuis le temps qu’on leur en parle de ce château, ils l’auront au moins vu de près.
Eux, ils auront quelque chose à dire plus tard. Tapioca pose sa sacoche. Elle l’accroche au remonte chaîne du lavoir. Si ils sont pris et que la légende se vérifie, on retrouvera au moins son sac.
Les gendarmes découvriront qu’ils sont rentrés dans le parc du château. Le lavoir est le premier endroit où ils les chercheront. Entre les chaussures, les pulls, le sac,et le petit mot, ils se feront vite une idée de l’endroit d’où ils ont disparus.
Elle griffonna rapidement un mot dans son sac:
“Nous sommes rentrés dans le parc, sauvez-nous, Tapioca”
L’aventure, c’est l’aventure…
Gonflés par leur audace,leur à propos et leur courage, les deux grands descendent pieds nus dans le ruisseau. Ils placent entre eux les trois petits et partent à l’aventure comme le font les spéléologues quand ils vont à la découverte d’un nouveau siphon, leur pied glisse sur le gravier et les herbes dans l’eau claire et tiède.
Elle ne monte pas plus haut que la moitié de leurs petits mollets bronzés par le soleil. A chaque pas posé sur les pierres qui jonchent le fond du ruisseau, Pierrot se retourne et regarde tapioca.
Il a le doigt sur sa bouche et son corps se balance d’un côté et de l’autre, pour bien scruter chaque berge. Arrivé au mur du lavoir, il le caresse du bout de ses doigts comme pour l’amadouer, une fois derrière, ce sera l’’inconnu …et peut être trop tard.
Des hirondelles volent haut dans le ciel immaculé, d’’un bleu azur. Il ne risque pas de pleuvoir avant la nuit. Les oiseaux gazouillent heureux d’être libres. Dans le ruisseau au contraire, c’’est l’angoisse la plus totale.
Pierrot s’est arrêté,il s’accroupit pour mieux observer le passage…
“Allez, tu avances poltron”, lui dit Tapioca en chuchotant.
“Attends, je vérifie le passage lui répond t’il d’une voix blanche”
Elle pousse les enfants devant elle du bout de ses doigts et Pierrot est obligé d’’avancer. Ils sont maintenant sous la voûte, comme il est accroupi, le bord de son short se mouille, les petits ont eux de l’’eau jusqu’à mi-cuisse.
L’arrivée dans un jardin du nouveau monde…
Ils font encore quelques pas, et se retrouvent dans le parc ce qu’aucun adultes du village n’a encore osé. Ils ont réussi et sont désormais dans un domaine privé et réputé fort dangereux….
L’angoisse leur serre le cœur, mais il n’est plus question de s’adresser la parole ou de revenir en arrière? ils sont silence radio.
Ils se redressent tout doucement et observent le paysage. Sur leur gauche un grand parc s’étend à perte de vue. Devant, à droite il y a un potager avec de gros melons bien ronds, et le long du mur, des tomates sont exposées plein sud.
Elles sont rouges de plaisir et de soleil, énormes et pour cause ce sont des plants russes qui donnent de très grosses tomates avec une chair juteuse et délicieuse…
Au milieu, ils aperçoivent des arbres fruitiers avec de lourds et beaux fruits, énormes, bien dorés, bien mûrs qui pendent entre les feuilles.
De grosses poires courbent les branches presque jusqu’au sol. Quelques-unes poussent dans des bouteilles de verre blanc.
Elles sont emprisonnées depuis qu’elles sont fleuries.
Le jardinier enfile autour de la branche et de la fleur, une bouteille de verre blanc. Il l’attache au fil de fer sur lequel le rameau est fixé par de petits colliers de caoutchouc.
Après la floraison un petit bourgeon naît à l’intérieur de la bouteille. Au fil des jours, protégé des pluies, des agressions du temps, réchauffé par les rayons du soleil, ce bourgeon grossit et devient une petite poire.
En quelques semaines, la petite poire devient grosse, mais elle reste prisonnière par le goulot de la bouteille. Le jour de la récolte, le jardinier détache le pédoncule de l’’arbre.
Il remplit chaque bouteille d’alcool distillé dans les alambics du docteur Melchior. Le digestif obtenu aura après quelques années de vieillissement en cave un nez formidable et un goût remarquable.
Il n’y a qu’une bouteille par branche, pour que chaque poire reçoive un maximum de vitamines, de sucre et de nourriture de la souche de l’’arbre nourricier.
Toutes les autres fleurs sont coupées à la taille par le bec du sécateur du jardinier. C’’est à lui de pas se tromper, de choisir celle qui lui semble la plus à même de donner un beau fruit.
C’est ça le métier, et n’est pas jardinier qui veut. Ils regardent ce jardin bien propre, bien rangé, impeccable, pas une herbe dans les plants et des fruits et légumes magnifiques.
Même sur les marchés de la région, où ils traînent parfois avec leurs parents, ils n’ont jamais rien vu d’’aussi beau. Quant à les goûter, mieux vaut ne pas y penser, tout au moins pour le moment.
Le petit groupe continue d’avancer à pas de loup, l’œil aux aguets, ils surveillent les alentours, tout paraît calme, trop calme. Ils arrivent au coude du petit pont en pleine lumière.
Ils sont seulement cachés par des roseaux qui surplombent la berge de chaque côté du ruisseau. Ce sont de longues cannes de plusieurs mètres de haut, grosses comme le pouce, avec une ou deux feuilles au bout.
La leçon de pêche virtuelle…
C’est avec ça que je taquine le verron ou le goujon quand mon père m’emmène à la pêche, pense Pierrot. Un jour, en revenant du marché de St jean d’ Angély, c’était un samedi matin il a ramené tout un paquet de cannes identiques à celles-ci. L’après-midi, il en a taillé deux. Au bout, il a ficelé un bout de nylon qu’il a déroulé d’une bobine. C’est du fil de pêche, je l’ai acheté chez la mère Perrin hier soir me dit-il. Il a mis au bout un hameçon avec un chapeau de gendarme.
L’après-midi nous sommes allés à la Vaillette près de la baignade. Dans une sacoche posée par terre il a sorti un pot de légumes de bébé et l’a ouvert. A l’intérieur il y avait des petits grains de blé cuits qui baignaient dans leur eau de cuisson.
Il en a pris un et l’a piqué sur l’’hameçon. Il a déroulé le fil entouré autour de la canne et l’a jeté l’hameçon et le grain de blé dans la rivière d’un simple coup de poignet. Le grain de blé s’est enfoncé dans l’eau, il est resté en suspension à 10 cm au fond de la rivière, arrêté par un bouchon coloré, comme une plume d’indien servant de contre poids.
Le bouchon entraîné par le fil de l’eau s’est redressé une fois tendu. Très vite de petits poissons ont nagé vers le grain de blé. Ils ont commencé à le picorer. Papa me montrait le manège du bout de son doigt.
Ils ouvraient leur gueule et l’attaquaient par petits coups en le mordillant. Le bouchon s’enfonçait par à coups. Papa disait qu’ils les taquinaient. Très vite, un plus gros poisson arriva, apercevant le grain de blé, il se précipita goulûment vers lui et l’avala.
Le bouchon s’enfonça une , deux, trois fois. Papa tira la gaule d’un coup sec. L’’hameçon pénétra dans la gueule du vorace animal et papa ramena un beau goujon de 8 cm de long.
Il me passa la gaule et c’est ainsi que je pris mon premier poisson et ma première leçon de pêche. En quelques heures j’ai ramené avec fierté, une belle friture. Maman l’a fait cuire le soir même, en omelette et tout le monde s’est régalé.
C’est à cela que pense Pierrot en avançant en silence, suivi de sa petite troupe. Peut-être voulait il se donner du courage et oublier un peu la galère dans laquelle il s’enfonçait.
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