Le docteur appuie sur un bouton. Les veilleuses s’allument, dans la pénombre, il voit le visage tétanisé des enfants, et il sait qu’il ne peut rien faire. Les enfants aperçoivent les parois de la cheminée qui défilent en s’écartant comme un entonnoir, le ballon ralentit et débouche dans un océan de calme sous une voûte céleste étoilée. Le contraste est saisissant mais encore plus angoissant.
Gros sel:
-” Mais il fait nuit, dit il en s’étranglant…”les autres se taisent tétanisés
Le ballon flotte à nouveau suspendu dans l’air. Ils sont comme des naufragés sur un navire perdu, après la tempête. Toutes les aiguilles des computeurs se sont affolées, plus aucun recul n’est possible. Le docteur est désolé, il ne comprend pus rien.
Le Docteur Melchior pensif:
-“Mais ou sommes nous ou sommes nous , nous n’avons quand même pas traversé l’équateur en si peu de temps”
Il regarde sa montre, cela ne fait pas 1 heure que nous sommes partis. Il doit y avoir une explication, je dois la trouver pense t’il . Le Docteur à cette chose formidable c’est qu’il ne s’avoue jamais vaincu. Il trouve toujours les bonnes solutions, sauf que là tout l’accable. Il en veut terriblement à Lucifer qui semble lui sourire dans un coin du ciel . La pensée qu’ils sont sur le chemin du Paradis lui vient même en tête, mais des les étoiles et leurs positions lui prouvent qu’il n’en est rien…Pourtant, le sourire moqueur de Lucifer n’’est pas le fait du hasard. Le Docteur a reconnu l’esquisse moqueuse, narquoise de Lucifer, fier du vilain tour qu’il venait de lui jouer.
C’’est une nuit chaude, les étoiles brillent par milliers dans le ciel et la lune tout sourire nous regarde, béante, béante.éclatante de lumière et d’éclats.
Saucisse:
-” Je n’ai jamais vu la lune d’aussi près, et aussi grosse. On va sur la lune Docteur. Nous sommes presque arrivé.”
Le Docteur Melchior:
-” Mais non, elle est très loin, il n’y pas d’air autour de la lune on ne pourrait plus respirer.”
Saucisse:
-” Dommage, j’en avais rêvé.”
La décontraction de Saucisse après leur grande angoisse redonne des forces et du courage au Docteur Melchior.
Le Docteur Melchior vérifie le ciel,. Il se campe sur ses jambes écartées, une main sous le menton et regarde le ciel pensif. Il lit, compte les étoiles, suit les galaxies du regard et reforme dans sa tête un plan pour retrouver les marques des chemins parcourus au cours de sa vie. l’étoile polaire, la grande ours, Bérénice, la petit ours, la voie lactée.
Saucisse amusé aux autres!!!
-” Regardez le Docteur Melchior se tient par la barbichette”
Pierrot et Tapioca en silence le fusille du regard et haussant les épaules d’un petit geste anodin:
– ” Ce n’est pas le moment de déconner”
Le Docteur Melchior reste pensif et n’entend même pas l’alercation entre les enfants. Il est en plein dans ses calculs secrets pour trouver un début de semblant de compréhension.
Ouf, d’’après la position des étoiles, nous n’avons pas beaucoup dérivé. 200 kilomètres au maximum. Nous devrions être au niveau de la Corrèze logiquement… se dit il très pensif et absorbé..
Deux choses le chagrine toute fois, pourquoi la nuit ? Et à sa montre, il n’est que…… Il regarde à nouveau son poignet, mais elle aussi vient de battre la chamade. Les ’aiguilles gîsent, au fond du boîtier en bas du cadran.
Dans sa tête, il sait bien qu’ils ne sont partis que depuis une heure à peine, il doit être à peine 11 heures 30 heures en tenant compte des préparatifs du départ., Au contraire, le soleil devrait être bien haut dans le ciel.
Une troisième chose l’ennuie, il voit la terre à 1000 pieds sous l’Intemporel. L’altimètre a enfin retrouvé lui sa stabilité comme tous les autres indicateurs. La forêt est en dessous d’eux. Il ne voit aucune lumière à des lieux à la ronde. Il a souvent volé de nuit avec son ballon, jamais une seule fois les lumières sont restées invisibles, surtout à cette hauteur et par une belle lune quand la visibilité est excellente.
Non, il y a un problème, tout ceci n’’est pas normal, pense t-il.
Les enfants ne parlent pas. Ils ont eu si peur, qu’ils sont en réalité transis et angoissés par la nuit subite malgré les apparences de Saucisse toujours un peu” je m’en foutiste” en apparence…
Le Docteur:
-” ça va les enfants ?
Tapioca:
-” Oui, mais où sommes-nous ? Pourquoi il fait nuit ? ”
Le Docteur:
-” Ce n’est rien, nous allons nous poser, vérifier le ballon et repartir bien vite. Mes appareils sont tombés en panne. Je dois tous les remettre en état très vite. Je n’en aurais pas pour bien longtemps.”
Saucisse toujours Jovial:
-” Oui, posons-nous, j’ai envie de faire pipi.”
Gros Lard;
– “Moi aussi”
Le docteur aperçoit une grande clairière, entourée de grands arbres. Il dirige aussitôt dessus l’Intemporel. Arrivé à dix mètres du sol, il saisit ses jumelles de nuit et vérifie l’état du sol.
Le Docteur Melchior:
C’est bon, dit-il, je peux me poser le sol semble propre..
La nacelle se pose sur le sol en douceur. Elle glisse sur quelques mètres poussée par le vent.
Le Docteur Melchior s’adressant à Pierrot et Tapioca :
-“Sautez par-dessus bord et courez accrocher le ballon aux quatre arbres qui sont là-bas avec les cordes et serrez bien fort. Serrez surtout bien les cordes.
Pierrot et Tapioca bondissent sur le sol, attachent le ballon aux endroit indiqués par le Docteur Melchior. Il reviennent chercher la seconde corde, puis la troisième, puis la quatrième. La nacelle est enfin immobilisée et bloquée.
Le docteur dégonfle le ballon qui s’affaisse peu à peu, puis il saute sur le sol, et avec une masse accrochée à l’’extérieur, il enfonce quatre gros piquets d’acier autour des quatre angles du grand panier d’osier qui le fixe définitivement au plancher des vaches puis il vérifie les nœuds de Pierrot et Tapioca pour les consolider.
Le Docteur Melchior:
-” Regardez, dit-il pour se décontracter et reprendre les choses en mains et donne à tous l’impression que tout va bien désormais., je fais des nœuds de marin. Voilà notre vaisseau est arrimé à la terre, il ne repartira pas sans nous. Nous sommes sûr de ne pas nous envoler ailleurs. Comme je ne sais bien pas où nous sommes, attendons le jour pour y voir plus clair.
Nous allons nous reposer un peu. Il demande à tous de réintégrer la nacelle. Tous en profitent pour effectuer leurs besoins. Après les avoir rejoint le Docteur Melchior referme les sécurités à double tour on ne sait jamais, deux précautions valent mieux q’une. Il descend la toile de protection les cachant d’une vue extérieure. Le ballon s’est maintenant dégonflé et il gît sur le sol affalé de toute la surface de sa toile.
Fatigués les enfants s’allongent sur une grosse couverture tendue par le Docteur. Elle est bien épaisse et vu leur poids chacun pourra s’en servir de petit matelas. Il en donne une autre en grosse laine pour qu’ils s’en recouvrent. Très vite, ils s’endorment sans plus poser de question attendant le jour.
Le Docteur Melchior réfléchit longuement. Mais où sont-ils ? Pourquoi ce silence ? Il entend aussi des barrissement lointain comme ceux des éléphants. Il n’est même plus sur d’être encore au vingtième siècle. Bizarre, Bizarre. Cette nuit lui rappelle l’atmosphère de celles qu’il a connu autrefois, il y a de longues années, il y a même des siècles et des siècles.
Une autre chose le tracasse…Pourquoi le ballon une fois à terre, s’est-il dégonflé aussi vite ? Il faut une heure en temps normal. La toile a du se percer à l’atterrissage. Il a pourtant vérifié le sol avant de se poser. Mais, c’est la nuit, on ne voit pas tout dans le noir.
Vaincu par la fatigue, le contre coup du stress et les chocs éprouvés à son âge….le sommeil le gagne, et il s’’endort non sans avoir maudit une dernière fois Lucifer qui vaque désormais à de nouvelles turpitudes…..
A suivre….