Umaguma
donne le signal du départ et le
cortège s’ébranle. Devant quelques guerriers ouvrent la marche suivis de
l’Ancien au centre, d’Umaguma à sa gauche et du Docteur Melchior à sa droite
juste derrière marche Uma tenant par la main la Peste et Tapioca pendant que Pierrot
et la Goulue encadrent Bec de lièvre, Moule à gaufre, Gros Sel , Saucisse et
Gros Lard, eux aussi entourés de tous les enfants du village.
Derrière à quelques mètres suit le reste du village emmené par le Grand conseil qui
disserte sur les évènements de ces dernières heures mais tous sont en attente de
découvrir comment les choses en bas se passer et à quoi ressemble cet oiseau miraculeux qui peut s’envoler vers le ciel.
Le
problème pour les enfants du village, c’est la communication et seuls les
umagums ont mis au point un début d échanges verbaux qui fonctionnent assez
bien et ils arrivent à se comprendre. Ils sont donc obligés de passer par eux
et ces derniers évitent jalousement et le plus possible qu’une communication
directe s ’établisse entre eux.
Peu
à peu le ciel s éclaircit et ce qui n ’était qu ’ombres discrètes et invisibles
devient un ballet grouillant d ’une longue horde qui déambule à travers les
roches énormes qui décorent les pentes de la montagnes au sol asséché et brûlé
par le soleil.
Dès que l’ aube apparaît les premiers oiseaux prennent leur
envol. Bien qu’il fasse encore frais, ils savent que c est l’heure où les
animaux vont se rafraîchir et faire leur provision d ’eau pour la journée.
C’est
l heure où beaucoup se déplacent c’est donc pour eux l ’heure de la chasse. Ils
remarquent de suite la longue procession de la troupe d’Umaguma et se postent
en vol plané juste au-dessus à quelques centaines de mètres.
Puis
plusieurs viennent se poser sur les rochers de chaque côté de la troupe en
position d ’attaque. Ils sont bientôt rejoins par des dizaines d’autres qui se
disent que vu le nombre la chair à pâté risque d’être bonne.
Gros
Sel :
«
– On dirait de gros corbeaux, tu as vu la grosseur de leurs serres j’ai pas
envie qu’ils m’attrapent «
Ils
sont encore à au moins 30 minutes de la forêt et les oiseaux savent que s’ils
veulent les attaquer c’est dans cette partie, après ce sera trop tard.
Le
Docteur Melchior qui pense au danger :
«
– Mais je croyais qu’ils ne se levaient pas avant dix heures… »
Umaguma :
–
« Pas ceux là, ils chassent pendant une ou deux heures et disparaissent.
Vers dix heures ce sont les gros qui arrivent et ceux là le savent, ils
s’en vont bien avant sinon il seront déchiquetés par les autres.
Pierrot :
«
– Mais ils se préparent à nous attaquer »
Le
Docteur Melchior :
” – Oui
mais ils ne sont pas assez nombreux, regarde à mesure que nous avançons le
dernier repasse en tête, tant qu’ils ne seront pas une centaine il n’y a pas de
danger.
Mais
chaque minute qui passe voit arriver d’autres oiseaux et cela inquiètes Le
Docteur Melchior bien que les guerriers Gums aient resserré les rangs et
couvrent chaque mètres de terrain disponible avec leurs sagaies à la main.
Le
premier qui approche sera transpercé immédiatement, mais ils devront ne pas
lâché leurs sagaies sinon ils se retrouveront sans défense. C’est ce que
doivent penser les oiseaux et c’est pour cette raison qu’ils attendent.
Connaissant les habitudes des chasseurs ils enverront une première vague
d’attaque pour les désarmer et les autres seront libres et sans danger. Ils
doivent donc être plus nombreux.
Un
conciliabule s engage entre Le Docteur Melchior et Umaguma…Il explique qu ’il a
un outil qui crache le feu et la mort il fait beaucoup de bruit. Il va tiré en
l ’air pour effrayer les oiseaux et ils vont s’envoler. Il ne les tuera pas
sauf s’il reviennent trop nombreux. Mais attention que Les Gums se passent le mot,
il va y avoir un grand bruit qui ressemble à celui que fait le tonnerre un jour d’ orage, ils ne
doivent pas quitter la troupe, il n ’y a aucun danger pour eux que tout le monde
reste grouper car les oiseaux pourraient foncer sur eux, que personne ne bouge
surtout.
Umaguma fait arrêter la troupe et demande à tous de s’accroupir. Il
explique que le bruit n ’est pas dangereux, c ’est la magie du Docteur Melchior
pour faire fuir les oiseaux. Le temps qu ’ils reviennent il seront dans la forêt
et s’ils reviennent avant ils recommenceront le bruit.
Chacun
s ’ecxécute mais tous se serrent les uns contre les autres. Les oiseaux
sont perplexes à la vue de cette manœuvre. Le plus gros, toujours en tête depuis qu’ils
sont là contemple la scène et ne comprend pas les raisons de cet arrêt et ce
regroupement soudain de leurs futures proies. Plusieurs autres oiseaux le rejoignent et
ils semblent donner quelques ordres qu’ils vont transmettre à leurs
congénères. Le mot d’ordre semble être prudence et observations, pas d’attaques
pour le moment.
C’est
le moment que choisit Le Docteur Melchior pour agir. Il sort son fusil à trois
coups en se disant sécurité oblige, que la mort de trois oiseaux ne changera pas la
face du monde mais cela devient trop dangereux, ils sont devenus trop nombreux.
Il
ajuste celui qui semble être le chef et ses deux compères à côté de lui. Il a mis dans la chambre des cartouches à sanglier avec de la chevrotine en guise de plomb.
Elles vont
faire un bruit énorme, tuer ou blesser à mort les trois oiseaux et les autres
vont s’envoler. Sans chef, ils seront perdus et vont devoir se replier ailleurs
pour se réorganiser. Cela leur
laissera suffisamment de temps pour se mettre à l’abri dans les sous bois.
Le
Docteur Melchior :
«- Attention dans 10 secondes je
tire…. » Pan pan pan trois cartouches sont tirées instantanément.
La gerbe des plombs fait mouche et ce n’est pas 3 mais cinq oiseaux qui gisent
agonisant au milieu des rochers et battant des ailes d’ une façon
significatives pour un chasseur.
Le bruit a été assourdissant, une odeur de
brûlé s’envole vers le ciel et sans exception tous les autres oiseaux
s’envolent à tire d’ailes vers le ciel. En quelques secondes les horribles
bestioles sont à plusieurs centaines de mètres du sol et complètement affolées,
désorganisées ne sachant plus quoi faire et fuyant cet endroit maudit pour
elles.
Le
bruit du fusil à trois coups du Docteur Melchior a résonné aux oreilles de tous
et beaucoup ont des bourdonnements dans les oreilles, surtout que l’écho a
colporté les bruits en les multipliant à l’infini. Les oiseaux partis, tous se
relèvent et commentent l’événement à leur façon. Le Docteur Melchior range son
fusil, mais garde les cartouches a porté de sa main.
Umaguma
ordonne un nouveau départ, le ciel est dégagé et les oiseaux sont loin. Umaguma
a demandé à plusieurs de ses hommes d ’aller chercher les oiseaux morts, de
ranger leur carcasses, de les cacher ils les reprendront au retour si quelques
carnassiers ne les ont pas trouver avant. Ils l’ espèrent et leur garde manger
va se remplir un peu plus.
Le
Docteur Melchior, Umaguma et l’Ancien discutent. Ils leur explique comment
fonctionne son arme. Il explique comment la poudre explose et entraîne par
l’orifice du canon du fusil les billes de plomb en forme de gerbes viennent
frapper l’ennemi ou la chose visée.
Dans les animaux morts ils retrouveront les
billes qui les auront tué. Il propose à Umaguma de lui laisser son fusil et ses
cartouches à condition qu’il ne l’utilise que dans des cas extrêmes et
uniquement pour se défendre, jamais pour attaquer qui que ce soit. Umaguma
promet et symboliquement
le Docteur Melchior lui remet son fusil et ses
cartouches. Le manège est observé par tous et quand Le Docteur Melchior lui
offre la machine qui tue les oiseaux à distance et qui crache du feu. Tous
battent des mains et crient leur joie.
Le
Docteur Melchior continue de donner des nouvelles du monde, comment les choses
se font ailleurs, il les explique en prenant le soin de n’expliquer que des
choses qu’ils peuvent comprendre et qui peuvent leur servir. Ce n’est pas la
peine de leur parler de tout, ce serait perdre son temps.
Il
dit à Umaguma comment il doit s’y prendre avec ce qu’il va lui laisser. Il lui
explique aussi comment tirer parti des choses de la nature.
Les
enfants ont commencé a communiquer entre eux et par gestes ils essaient dans la
gaîté de s’expliquer l Leurs couteaux, leurs lunettes circulent de mains en
mains, de nez en nez.
Les
Umagums veillent à ce que les objets ne disparaissent pas et reviennent entre
les mains de leur propriétaire. Tapioca s’est fait une nouvelle copine en lui
prêtant un pull qu’elle a aussitôt enfilé. Tout en marchant Uma regarde comment
sont fait leurs vêtements, la toile tissée, les couleurs, les coutures, le fil
et est bien décidé à essayer de faire la même chose.
Elle
donne ses lunettes à une autre qui ne comprend pas comment les verres peuvent
changer la couleur de la lumière. Les lunettes passent de nez en nez et toutes
s ’en amusent beaucoup.
Les
enfants de Melchior ont apporté dans cette tribu en quelques heures une
nouvelle façon de rire, de voir les choses de la vie qui désormais va pouvoir
dès leur plus jeune âge leur permettre de se fixer des objectifs beaucoup plus
intéressants.
Ils
arrivent avec soulagement à la lisière de la forêt. Le Docteur Melchior repère
ses marques sur les arbres et en moins de 30 minutes ils regagnent la clairière
où est caché la nacelle d ’osier contenant l ’Intemporel et ses artifices.
Umaguma
fait placer les gens du village tout autour de la clairière. Les hommes d ’un
côté et les femmes de l’ autre. Il ne garde avec lui que les Sages du Grand
Conseil, l’Ancien et une dizaine de guerriers. Tous les autres sont placés en
surveillance et en protection. Tous les enfants entourés de guerriers sont
assis dans l ’herbe dans un coin de la clairière.
Le
Docteur Melchior charge Umaguma de vider avec précaution la nacelle et de
poser chaque chose en faisant une cercle autour de la nacelle. En moins d’un
quart d ’heure les choses sont toutes déchargées. La nacelle est mise à nue.