André pousse la porte du café du commerce enfumé et salue la compagnie. Il aperçoit jojo et lui tape sur l’épaule,celui-ci se retourne et dit en lui serrant la main .
Jojo:
” Les enfants vont bien? “.
André.
“Oui et toi tout va bien. Comment va ta femme?”,
Jojo.
” ça va, un peu fatiguée, le boulot, les enfants, les soucis, les mauvais payeurs, les échéances, le banquier, mais on s’arrange ”
André.
“Dis donc, Jojo dit il en lui coupant la parole. Prudent, dès qu’on lui parle de difficultés financières, il a toujours peur lui le riche, qu’on vienne le taper et préfère changer la conversation en la reprenant à son compte, je n’ai plus de lumière dans la cave, tu peux passer demain ” ?
Jojo.
“oui, j’essaierai, sinon j’enverrai mon ouvrier”.
André
“Je l’aime bien Zaza, mais je préfère quand c’est toi, j’’ai plus confiance en ton travail.
Jojo.
“Il fait aussi du très bon boulot, heureusement que je l’ai…Bon d’accord je ferai le maximum, mais si je ne peux pas je te l’envoie, ne m’en veux pas”.
André sait bien que quand Jojo dit cela, c’est qu’il s’est décidé à venir lui même et André est satisfait, même si parfois Jojo arrive chez ses clients à 9 heures du soir…
André:
Merci Jojo lui dit il.
Jojo se penche sur le billard et enfile bille en tête 12 points de suite et termine par un superbe rétro qui rend le regard admiratif de ses adversaires.
André a déjà rejoint le bar.
André:
« un petit jaune Marco » demande-t-il au patron. Il serre quelques mains, et propose une tournée aux copains qui l’entourent. Tous acceptent, fiers d’être invités par André, on ne lui refuse jamais un verre, surtout à lui le riche propriétaire. Ils pourront même une fois rentrés à la maison dire :”André nous a offert l’apéritif” et chacun de penser, tiens pourquoi…et demain à l’usine soyez sûr que ce sera le principal sujet de conversation à la pause de 9 heures…
André le sait et il c’est pourquoi il le fait…Dites moi, le vieux fou est revenu, quelqu’un a des nouvelles , je l’ai vu dans sa vieille bagnole, il descendait la côte de la Jarrie vers 17 heures. Tout le monde hoche la tête d’un air contrarié. Dites bien aux enfants de ne pas traîner vers le château, on ne sait jamais, ce soir je téléphonerai au Maire, au garde champêtre ainsi qu’au père Basque à l’école.
Marco Bichon:
“Les chiens vont encore aboyer”,
Jean claude Mériau:
C’est la lune rousse, c’est toujours à cette époque qu’il fait du feu.
Chouchou le frère de Madelaine:
“Oh quand il est là, elles fument tout le temps”
André l’interrompant:
Comment va Madeleine ?
Chouchou:”En pleine forme”
André:
“Et le magasin ?
chouchou
“Le magasin ça va, ça vient, c’est dur en ce moment, mais elle travaille seule, alors sans charge elle s’en sort”.
André:
“oui, avec ces supermarchés toutes les boutiques crèvent” …
Chacun continue de déblatérer sur les choses de la vie autour d’un verre et quelques brèves de comptoir. Tout y passe, les absents, la politique, les affaires, la presse. Tous à tour de rôle, remettent leur tournée une, puis deux, puis trois, quatre, cinq, six pastis sont avalés avant la tournée de la patronne, puis deux, puis trois, quatre, cinq, six pastis sont ingurgités avant la tournée du patron.
Plus de 25 pastis, ricards et autres sont ingurgités par certains chaque soir et c’est ainsi depuis toujours. À la minute près, les verres se lèvent et s’entrechoquent et sont reposés sur le bar une fois vidés d’un seul trait. Après chaque tournée, les pièces tombent dans la caisse. Elles pourraient presque remplacer le vieux carillon qui lui, s’est tu depuis longtemps.
Mais il se fait tard, André regarde sa montre, il est 19h45, c’est l’heure de quitter ses amis. Il salue, serre quelques mains, et règle ses consommations, il tape sur l’épaule de Jojo et quitte le café.
C’est important pour André de passer au café le soir. Ce n’est pas par hasard qu’il le fait. Au café on ne voit pas le Docteur, le pharmacien, les commerçants, l’instituteur mais tout le reste du village est là.
Ce sont eux qui voteront aux élections et André rêve de prendre la Mairie pour en découdre avec les propriétaires de l’usine, maîtriser le remembrement, le plan du village, l’agrandissement du lotissement, racheter quelques terres à la sortie du village, les faire passer constructibles et les revendre un bon prix en terre à bâtir.
Il voit loin André et il sait ce qu’il doit faire lui le communiste qui est le plus capitaliste de tous, pour devenir le Maire voire plus. C’est difficile de se faire élire quand on est communiste.
En moins de cinq minutes il regagne sa ferme. Elle n’est pas très loin sur la route de Saint-Jean, en bordure de la route nationale allant de Niort vers Saintes. Les derniers vacanciers, porte- bagages chargés de valises, se croisent sur la route pas très large.
A cette heure-là, il vaut mieux marcher sur le trottoir, c’est moins dangereux se dit-il. En passant, il aperçoit quelques amis qui prennent le frais après avoir dîner. Un chien se promène, solitaire.
Il fait beau en France à cette époque de l’année.L’arrière-saison est toujours très belle pense-t’il. L’air est encore chaud. La nuit commence à tomber. Il passe rapidement devant la marchande de journaux, Mme Jallet, le garage du fils Planty et la gendarmerie.
Il tourne sous le porche de sa ferme et rentre chez lui. Il a croisé le boucher et sa femme qui devisait avec l’instituteur et le secrétaire de mairie.
André:
“Bonsoir, leur dit-il, vous tombez bien, j’allais vous appeler en rentrant.”
Monsieur Nerrine le Secrétaire de mairie:
“Bonsoir André, que se passe t-il ?:
André:
“Pas grand-chose, mais j’ai croisé le vieux fou dans sa limousine cet après-midi.
Le secrétaire de la mairie:
“Merci André, tu fais bien de nous le dire, mais nous étions au courant et nous en parlions à l’instant même, j’aviserai le maire demain et le chef de la gendarmerie.
André:
“Ah tant mieux dit André déçu de ne pas être le premier à divulguer l’information.
André
“Alors Bonsoir, la famille m’attend pour la soupe.”
Il leur serre la main et prend congé en continuant son chemin jusqu’à sa maison. Dès qu’il a le dos tourné, il n’entend pas le secrétaire de mairie soupirer et dire:
“Il est bien gentil André, on entend plein de choses sur le docteur Melchior, mais il ne s’est jamais rien passé et les gendarmes en ont marre.
Il faudra bien qu’un jour éclaircir cette histoire afin que le village le laisse vivre en paix. La seule chose qui intéresse André, c’est de récupérer ses terres. Il en fait donc un coupable…Mais un coupable de quoi, personne n’a pu le dire jusqu’ici et ils ont tous bien de la chance que le Docteur Melchior ne se fâche pas. Avec ce qu’ils racontent sur lui, ils seraient tous condamnés par n’importe quel tribunal. Ce ne serait pas très malin et le village en souffrirait certainement. j’ai bien peur qu’un jour les choses ne tournent mal”.
Le vieux docteur aurait certainement aimé entendre ces paroles réconfortantes ? Il aurait été très heureux. Il n’avait pas que des ennemis parmi les villageois…mais quelques jaloux, ambitieux dont André menaient un combat dans un but pas très avouable mais comme en réalité ils ignoraient qui était le Docteur Melchior les choses n’étaient pas prêtes de bouger, tout au moins dans le sens dans lequel ils l’espéraient.
André pousse le battant de sa porte d’entrée et pénètre chez lui. Il sent les bonnes odeurs de la soupe de Germaine. Il est de bonne humeur et tout va bien.
André:
“On mange dit-il, j’ai grand faim”.
Il va se laver les mains et s’assoit. Tout le monde le rejoint. La soupe est déjà sur la table, fumante déversant son fumet comme un appel à la dégustation. Dès qu’elle l’a entendu arriver, Germaine l’a posée au milieu de la table et découverte pour qu’elle refroidisse…
André ne l’aime pas trop chaude, et elle sent si bon. Le soir, il est toujours à l’heure, il ne veut surtout pas manquer les informations, qu’il ingurgite au rythme des lampées de soupe. Après en avoir repris une louche, il prend la bouteille de vin rouge par le goulot et se verse un bon verre dedans. Il mélange avec sa cuillère le potage et le vin puis, attrape l’assiette avec ses deux mains, la porte à sa bouche et avale son contenu dans un bruit d’aspiration à faire fuir tout un régiment de jeunes nonnes.
Il la repose bruyamment avec un sentiment de satisfaction, ah c’est bon de faire chabro dit-il, en soufflant et en s’essuyant la moustache d’un revers de main.
Germaine:
“Prends ta serviette André, pas devant les enfants , fais attention et en plus tu sens le pastis à dix mètres. Ce n’est pas un exemple pour les enfants. Fais au moins attention de temps en temps.
André fronce les sourcils, un peu vexé de la réprimande. Il attrape la serviette que lui tend Germaine et s’essuie les mains et la bouche, puis il la repose à coté de son assiette, pliée en deux. Il fouille dans sa poche, sort son couteau et l’ouvre. Il attrape la miche de pain de sa grosse main poilue, fait une croix dessous avec la pointe et coupe une tartine pour chacun.
Au fur et à mesure, il tend à chacun la tranche blanche à moitié détachée du corps de la miche afin que tous en aient un morceau, puis s’adressant à Germaine : “Tu as fait quoi ce soir pour dîner ?
Germaine:
« J’ai fait un lapin à l’ail et des patates paysannes.
André:
« Ah j’aime bien, c’est prêt ?”
Germaine:
« Oui j’amène le faitout. Prends le dessous de plat.
Pierrot l’aîné et Gros sel son petit frère sont en train de terminer leur soupe. La grand-mère est à table, mais ne mange pas. Elle avale simplement un bouillon de légumes et des caillebottes de sa fabrication. Elle attend pour voir son feuilleton du soir.
Depuis son altercation avec sa fille, elle n’a pas desserré les dents. Germaine amène le plat , le pose, il fume, sent bon, l’atmosphère se détend aussitôt.
Germaine est très fière de sa cuisine. Elle les nourrit bien ses hommes, elle les veut forts, costauds et intelligents.
André:
« Ah Germaine dit André en s’exclamant !!!
Germaine:
« Oui, André quelque chose ne va pas ?
André:«Le vieux fou est de retour. Pas de promenades pour les enfants autour du château, il vaut mieux se méfier? Surveille les biens ces jours-ci.”
Germaine:
«Mais ils n’y vont jamais, pourquoi dis-tu ça aujourd’hui. Ils préparent la kermesse avec Monsieur le curé. Ils ont autre chose à faire. N’est-ce pas les enfants ?
André:
“ils vont te le dire et s’en vanter pour se retrouver puni et manquer la kermesse. Tu les prends pour des idiots…je les connais ils font toujours leurs coups en douce et tu l’apprends trois semaines plus tard….
Les enfants en coeur:
« Mais on n’y va jamais papa tu nous l’as défendu. »
André:
« Je t’ai défendu aussi de fumer, mais le père Henry t’a vu une cigarette au bec, hier soir sur les bancs de la place de l’église.
Un des enfants:
“C’est pas vrai papa, c’était une cigarette en chocolat”.
Germaine:
“Il a dit la vérité, c’est moi qui les lui avait achetées.
André:
“Toi, il faut toujours que tu prennes leur défense. Des cigarettes en chocolat ! ça leur apprendra à fumer et ils passeront de celles en chocolat aux autres plus tard. C’est le mauvais geste, la mauvaise habitude que tu leur apprends…Des cigarettes en chocolat….Tu ne crois pas qu’ils ont le temps.
Germaine:
« Je ne vois pas pourquoi je ne te dirai pas la vérité.”
André:
« ça va, ça va. Mais le père Henry n’est ni fou, ni sénile »
Germaine:
« Il n’a qu’à se mêler d’élever ses gosses, pas les nôtres ».
Les enfants plongent la tête dans leur assiette, il vaut mieux se taire dans ces moments-là…surtout que le Père Henri était loin d’être fou, ni sénile et que la fumée des cigarettes ne venait certainement pas de cigarettes en chocolat…
Le père attrape la louche en inox posée sur la table. Il se sert, rajoute du jus sur les patates et la tend à Germaine pour servir les autres. Il prend sa fourchette et écrase les pommes de terre d’un geste puissant, pataud et gauche .Quelques morceaux éclaboussent la table et tombent à côté de l’assiette. Il les ramasse avec ses doigts et les avale.
André:
«Ah ! C’est bon dit-il.»
Germaine:
«Cochon, lui dit Germaine, tu ne peux pas faire attention tu en mets partout. Va moins vite.
André:
«Ce n’est pas grave, tu as mis une toile cirée.
Germaine:
«Je ne mets plus les belles nappes, tu les tâches toutes ».
Le père prend une tranche de pain, la rompt, la trempe dans la sauce, jusqu’à ce que la mie soit bien imbibée. Il la porte à sa bouche, dans un bruit suffisamment bruyant pour couper l’appétit à tout un régiment.
Le jus coule sur son menton. Il s’essuie, prend sa fourchette d’une main, le pain de l’autre et attaque son assiette. Il est affalé au-dessus du plat, la tête va chercher la nourriture presque au niveau de la table, les bras sont écartés.
Germaine le regarde désolée et sait bien dans son for intérieur qu’il n’y a plus rien à faire de ce côté-là tout au moins. En face, les enfants se tiennent mieux que leur père.
Le midi, ils mangent à la cantine et ce n’est pas Mme Lecuyer ou Mme Lorioux qui tolèreraient qu’ils se tiennent mal à table, même à la cantine. Germaine se réserve la carcasse du lapin. Elle se sert toujours la dernière. Comme dessert, elle a fait du riz au lait pour elle et les enfants, quelques fois la Grand-mère en prend. Le père finit toujours son repas avec un morceau de fromage et un verre de vin rouge.
Après s’être curé les dents avec une allumette taillée avec son couteau? Il l’essuie en frottant la lame de chaque côte sur la serviette. Puis, il le referme, claque la lame d’un petit coup sec et remet le couteau dans sa poche, se lève et se dirige vers la porte.
Il sort sans un mot dans la cour comme tous les soirs pour aller soulager sa vessie. Il préfère la poésie du pipi au grand air, dans l’odeur de la paille humide que le petit coin parfumé propre de Germaine.
Puis, après avoir fermé la porte de l’écurie, de l’étable et le portail de la cour donnant sur la rue, il rentre et monte se coucher en criant bonsoir, faites de beaux rêves.
Il se lève tôt, tous les matins à cinq heures, et ne traîne jamais le soir. La télévision ne l’intéresse pas, il ne regarde que les informations et le football. La grand-mère par contre attend son feuilleton favori. Les enfants finissent leur devoir, ils se couchent tous les soirs vers vingt et une heures.
Quant à Germaine, il lui reste la vaisselle à faire, et la maison à ranger. Demain pour elle aussi la journée commence à cinq heures et tout doit être prêt.
Vers minuit la grand mère éteint la lumière et monte dans sa chambre, il y a bien longtemps que tout le monde dort.
Tous les soirs Germaine embrasse ses enfants avant d’aller dormir. Elle dit à Pierrot Germaine: «N’oublie pas ce que t’as dit ton père, demain n’allez pas traîner vers la château, c’est peut être dangereux ».
Les enfants:
“Mais oui maman” répondent les enfants.
Très vite tout le monde s’endort, les lumières se sont éteintes une par une dans le petit village. La nuit l’a enseveli d’un voile sombre presque noir tout en veillant sur lui. Il est gardé par des millions d’étoiles, illuminant le ciel de ses scintillements brillants tout en dessinant des formes bizarres que les yeux des petits comme les grands ne se lassent pas de contempler depuis la nuit des temps.
A suivre…
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