La gendarmerie débarque à la maison………………….. Épisode 57

Gros
Sel :

« –
Regarde Pierrot, tu avais raison, les flics sont là. »

Pierrot a immédiatement reconnu l’estafette des gendarmes et la voiture du
conservateur du musée. Dès qu’ils entrent, ils entendent une conversation
animée dans le salon. Ils sont passés par la cuisine et personne ne les a vus
entrer. Ils posent leurs cartables et comme ils ont grand faim, ils se jètent
sur leur casse-croûte qui est toujours préparé à l’avance par la grand-mère avant qu’ils
ne reviennent de l’école.

Pierrot,

« –
Tu vois j’avais encore raison, j’espère que désormais, papa va enfin comprendre qu’il
doit entendre ce que j’ai à lui dire et n’agira plus à chaque fois, sans nous en
parler. »

Gros
Sel :

« –
Ne rêve pas trop grand frère, Maman et Grand-mère essaient de le changer depuis
quarante ans voir plus… »

Pierrot
sourit et la bouche pleine il dit à son frère :

« –
Viens, voir la gueule qu’ils tirent. »

Ils
entrent dans le salon et se fendent d’un bonjour je m’en foutiste total comme
si cette réunion ne les concernait pas. Au moment de leur entrée, ils entendent
le gendarme Baron dire à leurs parents :

« –
C’est grave André, vous avez égaré ou peut-être détourné des objets d’intérêts
publics dont vous aviez la garde.
C’est punissable par la loi…»

Les
gendarmes en utilisant la voix qu’ils ont l’habitude de prendre quand ils veulent faire peur.

« –
Bonjour les enfants, justement nous avions besoin de vous. Vous allez nous
expliquer par le détail, tout cet imbroglio, »

Pierrot est nullement impressionné car il les connaît bien :

« –
Vous êtes enroué Monsieur Roulet, vous avez perdu votre voix habituelle. C’est
vrai que je vous ai tellement entendu crier hier au foot, vous avez vu, ils ont
gagné et nous sommes premier. Ils se sont bien battus. Ils ont
bien gagné leur prime et Papa les a bien aidés.

Décontenancé
par la désinvolture de Pierrot à laquelle il n’est pas habitué, le gendarme Rouet reprend la
parole avec une voix presque normale.

Le
gendarme Roulet:

« –
Tu as raison, je n’ai pas arrêté de les soutenir, mais nous ne sommes
pas là pour parler du match d’hier mais…

Pierrot
le coupe sèchement:

« –
Je ne suis pas sourd et j’ai entendu ce que vous disiez en entrant. Mon père
n’est pour rien dans cette affaire. Ces objets dont vous parlez ne nous
appartiennent pas. Ils m’ont été confiés par un Monsieur, un savant à la
retraite pour que je les montre aux autres élèves de mon école. Ce
matin, il devait les présenter ailleurs et faire une conférence. Il est donc venu les
rechercher hier. Je lui ai rendu ce qui lui
appartenait. Je ne vois pas quel mal nous avons fait. Il y a un mois, il
nous en avait confié d’autres, nous les avons présentés à l’école
et tout le monde a pu les voir car le maître a fait une exposition. Elle a
rapporté beaucoup d’argent. Plus de 5000 personnes sont venus. Josiane votre fille a dû vous en parler Monsieur Roulet !

Le
gendarme Roulé :

« –
Tiens donc, ils m’ont cassé les pieds pour avoir leur boîte de papillons à la maison. Quand
j’ai vu le prix, j’ai dit non, je n’ai pas les moyens de ton père moi… »

Pierrot

« –
Ces boîtes nous ont été offertes et nous les avons remises à
l’école.

Content
de voir que nos accords avaient été respectés, ce Monsieur nous a confié
d’autres objets et le papillon. Mais,, mon père et ma mère ont cru bon de
vérifier leurs origines pensant que nous les avions trouvés ou volés.

Samedi,
ce Monsieur est déjà venu chez nous, Il était accompagné d’una autre personne, ils nous ont menacés. Mon
ami devait revenir dimanche matin pour les rechercher. Ne voulant pas
voir mes parents mêlés à cette histoire, je les ai
restitués comme prévu à leur propriétaire. Imaginez une seconde, que je ne les rende pas. Vous seriez aujourd’hui également ici et vous
nous accuseriez de vol ou de, je ne sais quel délit. Monsieur Roulet, depuis que je suis tout petit,
j’entends mon Père, Maman, ma Grand-mère me dirent chaque jour, qu’il faut
toujours rendre ce qui ne nous appartient pas, que le vol est une faute grave, qu’auriez-vous fait à ma place ?

Les
gendarmes sont à la fois surpris et impressionnés par la clarté et le judicieux de sa réponse.
Le Conservateur, ses parents, sa Grand-mère et Gros Sel sont coît. Pierrot
vient de passer aux yeux des gendarmes d’un chapardeur ayant soustrait des
objets d’une grande valeur scientifique à un petit garçon, gentil, sérieux,
bien élevé et respectueux des règles qu’on lui a apprises.

Personne
ne peut lui donner tort, il a choisi la solution de la bonne éducation, l’autre
aurait été celle des voyous. Il n’a pas hésité une seconde, c’est
compréhensible. Il passe d’ailleurs lui et son petit frère pour des enfants
irréprochables, ce qui n’est pas le cas de tous. Ce revirement des gendarmes, n’est
pas du goût du conservateur. Il sent la situation lui échapper et décide
d’abattre sa dernière carte, la plus grosse.

Le
Conservateur inquiet de la tournure des évènements :

« –
Tout cela est bien beau, mais la loi, c’est la loi et nous sommes bien devant
un cas de soustraction de biens publics. La loi est la même pour tous et chacun
se doit de la respecter, sinon plus rien ne serait possible… »

André :

« –
Justement, de la loi parlons en. ”

Il déplie un papier qu’il sort de sa poche et
reprend :

« –
Ce matin, j’ai appelé mon avocat et voilà ce qu’il m’a dit de vous lire. Avant
permettez-moi de dire aux gendarmes que nous avions convenu que ce matin il prenne contact avec mon avocat pour négocier un accord.

André:

“- Vous ne l’avez pas fait.
Nous devions prévoir un accord écrit. Vous n’avez pas donné suite à ce geste de bonne
volonté de notre part, notre bonne foi ne peut donc pas être mise en doute.”

Le
conservateur :

« –
Cela n’aurait pas changé grand chose et nous en serions au même
point. »

André :

« –
C’est vous qui le dites. Vous n’étiez pas au courant de cette disparition, pas
plus que vous ne connaissiez l’existence du papillon. »

La
partie de ping-pong continue devant les gendarmes amusés et pas mécontents de
la tournure des évènements. Ce Conservateur et sa suffisance, les ont un peu
énervés et André c’est leur copain.

Le
Conservateur :

« –
Il fallait me prévenir. »

André
courroucé :

« –
Je ne vous dois rien Monsieur, je ne sais même pas qui vous êtes, je n’ai même
pas votre carte visite ! Pensez-vous que ces objets morbides sont
ma priorité ? Je travaille de mes mains dit-il en montrant ses mains
cornées par le labeur journalier. Mes priorités, ce sont ma famille,
l’éducation de mes enfants, mes champs, mes labours, mes bêtes s’exclament-il
en élevant singulièrement la voix.”

Les
gendarmes l’interrompant :

« –
André reste calme continue sans t’énerver et lis nous le mot de ton avocat, je
pense que ce sera intéressant. Il connaît la loi sur ce sujet mieux que nous. »

André
reprenant ses esprits :

« –
Comme je le disais avant que ce Monsieur ne m’interrompe, il est effectivement
auxiliaire de justice pouvant faire appel aux forces de sécurité, mais sous
certaines conditions que jusqu’ici, je n’ai pas encore vues.

Je
lis :

1
– Ce Monsieur devait avertir le Procureur de la république immédiatement après
sa découverte et lui demander l’autorisation de requérir les objets à titre
conservatoire.

2
– Il devait les notifier par écrit sur un document précis et officiel en décrivant les
objets avec des photos, analyses et divers en pièces jointes. Il devait
certifier de la véracité de cette description et l’enregistrer sur un livre
officiel qu’il doit avoir d’ouvert et paraphé dans les locaux du ministère où
il officie.

3
– Il devait à partir de cet enregistrement, les conserver individuellement sous
scellés numérotés dans un coffre individuel prévu à cet effet..

4-
Présenter aux gendarmes avant toute intervention, une réquisition du Procureur
limité à son secteur juridictionnel légal.

Quandces différentes étapes sont respectées, il peut requérir la force publique pour faire appliquer la loi. S’il n’est pas dans la possibilité de nous
fournir ces pièces, j’ai le regret de vous annoncer, qu’il s’agit d’un abus de
pouvoir punissable pas la loi.

André
se tait, il regarde et contemple l’effet produit sur chacun par le petit laïus
dicté ce matin au téléphone par son avocat. Les gendarmes fixent André, il leur
glisse un coup d’oeil complice. Soulagés de sa réaction, car ils sont aussi
dans la même galère, ils contre-attaquent aussitôt. Les mouches viennent encore
de changer d’âne et cette fois, ils rajouteront le bonnet en plus.

Les
gendarmes interrogatifs :

« –
Monsieur le Conservateur, avant d’aller plus avant et en vertu de ce que nous
venons d’entendre, êtes-vous d’accord avec l’avocat d’André ? »

Le
conservateur est obligé de reconnaître le bien fondé de ces éléments.

Le
Conservateur :

« –
C’est exact. »

Les
gendarmes :

« –
Avez- vous respecté cette procédure à la lettre et êtes-vous immédiatement en mesure de
nous en fournir toutes les justifications. »

Le
Conservateur :

« –
Non messieurs, je n’ai pas eu le temps, les choses se sont précipitées et
devant cette extraordinaire découverte, j’ai cru que… »

Les
gendarmes se tournant vers André et Germaine :

« –
Excusez-nous Germaine et André, excusez-nous les enfants d’avoir douté de vous,
nous avons été abusés par sa carte tricolore mais nous ne faisons pas tous les
jours ce genre de procédure. Nous n’avons plus rien à faire ici. Quant à vous
Monsieur, nous allons devoir informer le Procureur de la république de vos
agissements et vous en répondrez devant lui. Nous n’aurions jamais dû venir
importuner ces gens. Comme vous l’avez annoncé, il y a quelques minutes, la loi
c’est la loi et dans votre fonction, vous devriez montrer l’exemple en
commençant par la respecter. Vous n’en seriez que plus crédible, au revoir
Monsieur !

André :

Non,
non ne partez pas, j’ai un petit service personnel à vous demander,
libérons ce Monsieur. Il pensait faire son devoir, il est sorti un peu de ses
prérogatives, il n’y a pas eu mort d’homme, mais nous ne sommes pas non plus des
imbéciles. Oublions cette anecdote. Je préfère que nous en restions là. Nous
aurons peut-être besoin de lui plus tard. De toute façon nous n’avons plus les
objets. L’enquête ne peut plus nous concerner.

Le
conservateur est soulagé d’entendre les paroles d’André, il s’en retourne gros jean comme
devant. Il a tout perdu, il pensait repartir avec de quoi surprendre la
terre entière. Il présente ses excuses à André, à sa famille et rentre à
Poitiers au volant de sa voiture. Il lui reste quand même certains documents, des
témoignages, mais il ne va pas en rester là. Il doit faire immédiatement un
rapport au parquet ne serait ce que pour se couvrir. Dans l’administration, ils
ont l’habitude d’ouvrir le parapluie même quand il n’y a pas d’orage. À cet instant, c’est un ouragan qui se prépare et il faudra savoir y faire face.

Les
gendarmes ne sont pas mécontents de la fin de cet entretien, et demandent à
André ce qu’ils peuvent faire pour lui ?

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Publié par
Pierre Marchesseau

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