« hanie » signifie la « manifestation de Dieu ».
Diverses coutumes sont observées à cette occasion. En France, depuis le Moyen Âge, une « galette des rois » ou un « gâteau des rois », pâtisseries contenant une fève, sont partagées ce jour-là ; celui qui trouve la fève dans sa part est surnommé le roi.
L’utilisation du terme est antérieure au christianisme. Les « Épiphanes » sont, dans la culture grecque, les douze divinités de l’Olympe apparues aux hommes, avec en premier lieu, Zeus, le dieu de la Justice céleste.
À l’origine, l’Épiphanie fait partie du cycle de Noël et tire son fond et son sens des célébrations païennes de la Lumière.
En effet, Noël, avant d’être un jour, est d’abord un cycle qui atteint son apogée au jour marquant le solstice d’hiver, le 22 décembre. Cette nuit du solstice la plus longue de l’année annonce le rallongement des jours et par extension la renaissance de la Lumière censée être à l’origine de toutes choses.
Puis la célébration se prolonge après le 25 décembre durant un nombre de jours hautement symbolique : 12 jours et 12 nuits.
Le nombre 12 représentant entre autres la Totalité : 12 mois, 12 heures, 12 dieux olympiens, 12 tribus d’Israël, 12 apôtres, etc.
Le cycle prend fin le 6 janvier. C’est à ce moment que les jours commencent à s’allonger de façon sensible, que la promesse de la nuit solsticiale est tenue, et c’est cette date que choisit le Père de l’Église Épiphane de Salamine, dans son Panarion, comme date de naissance de Jésus, afin de réfuter une date concurrente proposée par la secte gnostique des Alogoi.
On célèbre alors l’Épiphanie, la manifestation de la Lumière. Par sa forme ronde et sa couleur dorée, la galette symbolise le soleil. Il est à noter également que c’est ce jour, en tout cas son équivalent, car le calendrier alors en vigueur le calendrier julien diffère du nôtre qu’avait lieu sous la Rome antique la fête des 12 Dieux épiphanes autrement dit les 12 Olympiens.
La date de l’Épiphanie correspond aussi à l’origine à une fête païenne : sous l’Antiquité, les Romains fêtent les Saturnales qui durent sept jours pendant lesquels la hiérarchie sociale et la logique des choses peuvent être critiquées sinon brocardées et parodiées.
À cette occasion, par exemple :
Les soldats tirent au sort, grâce à une fève, un condamné à mort qui devient « roi » le temps des réjouissances.
Une fois les Saturnales achevées, la sentence est exécutée.
Parmi les jeunes soldats, un roi est élu et peut commander tout ce qui lui plait.
Il peut être opéré un changement de rôle uniquement durant la fête des Saturnales entre le « maître » et l’« esclave » déterminé ou non par tirage au sort.
Jusqu’à la fin du ive siècle, l’Épiphanie est la grande et unique fête chrétienne « de la manifestation du Christ dans le monde » (manifestation exprimée, d’abord, par la venue des mages puis par différents épisodes : la Nativité, la voix du Père et la présence d’une colombe lors du baptême sur le Jourdain, le miracle de Cana, etc.).
Des pères de l’Église comme Jean Chrysostome ont fixé des traditions pour commémorer le même jour trois événements lors de la fête de la théophanie :
– L’adoration des mages.
– Le baptême dans le Jourdain situé trente ans plus tard.
– Les noces de Cana trente-et-un ans plus tard.
Dès le Moyen Âge, la liturgie chrétienne a rassemblé ces trois événements mais la piété et l’art chrétiens ont privilégié l’adoration des mages.
Depuis l’introduction d’une fête de la Nativité (Noël) le 25 décembre, la liturgie actuelle de l’Épiphanie met l’accent sur des sens spécifiques selon les confessions et les cultures.
Depuis le XIXe siècle on l’appelle aussi le « jour des rois » en référence directe à la venue et à l’adoration des rois mages.
L’Épiphanie chrétienne célèbre, ainsi que le rapportent l’évangile et la tradition, la manifestation publique du fils de Dieu incarné, Jésus, au monde, non pas comme dans la mythologie grecque à partir d’une révélation extérieure à l’humanité et faite sous les apparences de l’humanité, mais sous la forme d’un enfant engendré, en un temps historique donné, au sein du peuple juif dans la lignée de David.
Le Messie, qui, après avoir rencontré les petits et les proches (les bergers), prend place et rencontre le monde dans toute sa diversité, telle qu’elle est symbolisée par des mages, que l’on dit être rois ou savants, dits traditionnellement de toutes origines et venus de pays lointains, bien que le texte évangélique ne donne qu’une indication vague de l’origine des mages, mais parle cela dit « d’Orient », ce qui indique l’Est par rapport à la Terre Sainte. Ainsi est réaffirmée la dimension universelle du message évangélique.
Cette fête célèbre la visite et l’adoration de l’enfant Jésus par les « mages », relatée dans l’Évangile selon Matthieu.
Bien que la Bible ne donne pas leur nombre et ne parle que de « savants venus d’Orient », la tradition a fait qu’ils sont habituellement appelés les trois Rois mages et sont nommés respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar, noms dont les initiales reprennent celles de la bénédiction : « Christus Mansionem, Benedicat », « que le Christ bénisse la demeure ».
Elle est la quatrième des cinq grandes fêtes cardinales de l’année liturgique catholique.
Dans certains pays, la célébration liturgique de la fête est reportée à un dimanche, en vertu d’un indult papal. Il s’agit de permettre aux gens de célébrer la fête dans les cas où ils doivent travailler le 6 janvier si ce jour n’est pas férié.
Ainsi, en France et en Belgique, cette fête est célébrée le deuxième dimanche après Noël. En Espagne, où la célébration de l’Épiphanie est particulièrement importante, le jour est férié.
La fête commémore le baptême du Christ dans le Jourdain, la descente du Fils de Dieu au milieu de sa création, la stupeur de cette création qui reconnaît son Créateur (le Jourdain retourne en arrière et la manifestation de la divine Trinité. La voix du Père et la colombe rendent témoignage au Fils.
Dans certains pays de tradition byzantine, en particulier en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie, en Ukraine et en Russie, une croix est lancée par l’évêque dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. La fête s’y appelle généralement Théophanie et elle est préparée par un jeûne strict le 5 janvier.
À Jérusalem, au mont Athos, en Russie, en Serbie et en Géorgie, la fête est célébrée le 6 janvier selon le calendrier julien qui coïncide actuellement avec le 19 janvier du calendrier grégorien.
Dans l’Église arménienne, la fête est une des plus grandes fêtes de l’année car Noël n’est pas fêté le 25 décembre mais, selon l’usage chrétien ancien, le 6 janvier.
Cela correspond aussi aux anciennes traditions des premières églises chrétiennes (antérieures à la conversion de l’Empire romain) et même aux traditions familiales de l’époque, selon lesquelles un enfant ne devient le fils de son père que le jour de sa présentation à lui et la reconnaissance du fils par son père, et ce jour-là, on rend aussi grâce à la mère pour cet enfant reconnu par son père et qui se soumet à sa volonté.
Le baptême de Jésus dans le Jourdain correspond donc à cette présentation du Fils au Père, c’est aussi l’acte de la soumission de Jésus à la volonté divine et c’est aussi la date où le Père se révèle à lui.
La nativité fêtée prend alors une signification plus théologique que dans l’Église catholique romaine, puisque c’est aussi traditionnellement la date par laquelle il reçoit du père la révélation de sa mission prophétique : ce qui est fêté est plus la naissance du « Christ sauveur » et la manifestation de Dieu (théophanie), que celle de l’enfant Jésus, même si cette célébration est directement liée à sa naissance.
L’église arménienne procède à la bénédiction des eaux comme dans la tradition byzantine.
La tradition veut que l’Épiphanie soit l’occasion de « tirer les rois » : une fève et parfois une figurine sont cachées dans les pâtisseries Galette des rois, gâteau des rois. Le convive qui découvre cette fève devient le roi de la journée.
Cette pratique trouverait son origine dans les Saturnales de la Rome antique. Pendant ces fêtes païennes célébrées début janvier, les rôles étaient inversés entre les maîtres et les esclaves qui devenaient les « rois d’un jour».
Ce n’est que vers 1875 que les figurines en porcelaine remplacent les fèves. Les Romains pratiquent déjà l’usage d’une fève dissimulée dans un gâteau pour désigner le roi.
Chez les Romains, la tradition conduisait le plus jeune enfant de la famille à se glisser sous la table pour désigner la part revenant à chaque convive.
Depuis le XIVe siècle, on mange la galette des rois et le gâteau des rois à l’occasion de cette fête.
La tradition veut que l’on partage la pâtisserie en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée « part du bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du pauvre », est destinée au premier pauvre qui se présenterait au logis.
La traditionnelle fève est accompagnée ou remplacée par un petit sujet caché à l’intérieur de la pâte de la pâtisserie.
La personne ayant dans sa part la fève est symboliquement couronnée roi ou reine (de plus en plus, entre amis et/ou surtout dans le contexte professionnel : le roi se doit d’offrir la prochaine pâtisserie; et lorsqu’il y a un sujet, celui qui l’a, se doit d’offrir la boisson (cidre, mousseux, muscat, ou champagne).
Lorsqu’il y a des enfants, l’un d’entre eux en général le plus jeune se place sous la table ; tandis que la personne qui fait le service choisit une part, l’enfant désigne le destinataire de cette portion.
Certaines familles s’arrangent pour que la fève ou la figurine revienne à un des plus jeunes enfants. Il est couronné roi ou reine et il choisit alors son roi ou sa reine qui est souvent sa mère ou son père.
Fréquemment, les « rois » sont tirés plusieurs fois au cours de la période.
Dans le Sud de la France autour de la Méditerranée, l’usage est de préparer un grand pain au levain sucré et en forme de couronne, nommée gâteau des rois, couronne des rois, corona dels reis, royaume reiaume, couronne bordelaise, corona bordalesa, pogne, còca) et qui est parfois couverte de sucre. En plus du sucre, elle peut être garnie et/ou couverte de fruits confits.
Dans le Sud-Est, un santon généralement santon-puce tend à remplacer la fève.
Ce gâteau des rois est très présent dans le Sud-Ouest, même si le commerce propose de la galette, parfois moins chère (les fruits confits sont coûteux) mais surtout de fabrication et conservation plus facile, (voire de manipulation !), et elle tendrait à diminuer dans le Sud-Est.
À Paris, les boulangers-pâtissiers offrent tous les ans la galette de l’Élysée. Cette galette ne contient pas de fève de façon que le président de la République ne puisse pas être couronné. Cette tradition remonte à l’année 1975, date à laquelle fut offerte à Valéry Giscard d’Estaing une grande galette d’un mètre de diamètre.
En Moselle-Est, des garçons déguisés en rois mages allaient de maison en maison en chantant, tout en faisant tourner une étoile montée sur un bâton : « Es kummen drey Weissen vom Morgenland » (Trois mages sont venus de l’ Orient). Ils obtenaient ensuite des friandises ou des piécettes.
En 2014, un sondage réalisé en France révèle que 97 % des Français fêtent l’Épiphanie ; un autre sondage OpinionWay donne quant à lui 85 %. Ils mangent pour :
70 % une galette frangipane ;
11 % un gâteau des rois, principalement dans l’extrême Sud ;
8 % une galette des rois à la pomme.
9 % en consomment plus de cinq. 68 % trichent pour donner la fève aux plus jeunes.
Galette/gâteau des rois et laïcité
Alors qu’en 2014, la présence de crèches dans des lieux publics avait suscité une polémique en France, la galette ou le gâteau n’entraînent, quant à eux, guère de conflits.
Les racines historiques des ces pâtisseries ne sont originellement pas religieuses. Elles peuvent se rattacher, ou non, à la fête de l’épiphanie ; elles peuvent comporter, une ou plusieurs fèves, ou aucune. De même pour les couronnes. Il n’existe pas de décision de justice notable qui concerne la galette ou le gâteau des rois.
Marginalement, par exemple, lors de la préparation des cérémonies des galettes en 2013 à Brest, la mairie a décidé de retirer toutes les couronnes. Les services expliquent que « Cette année, sur la couronne était inscrit le mot « Épiphanie ». À nos yeux, c’était faire rentrer le religieux à l’école, ce qui est interdit par la loi ».
En Espagne, au Portugal (Bolo Rei) et dans les pays d’Amérique latine : le Día de los Reyes Magos y est souvent un jour férié et les enfants y reçoivent leurs cadeaux plutôt qu’à Noël.
En Belgique et aux Pays-Bas : on mange également une galette à la pâte d’amande. Le plus jeune se cache sous la table pour désigner les parts et le roi du jour choisit sa reine. Pendant la journée les enfants parcourent les rues en chantant la chanson de l’étoile et font du porte à porte pour recevoir des mandarines et des bonbons. Cette coutume tend à disparaître en Belgique. Dans les campagnes flamandes cela se fait encore. Notons au passage qu’en Wallonie, c’est à ce moment qu’on commence la préparation du Carnaval.
Dans le Sud des États-Unis la tradition de tirer les Rois existe sous le nom de king cake. Ceux-ci sont mangés pendant toute la période qui va de l’Épiphanie jusqu’au carnaval de mardi gras, le 6 janvier.
En Grèce et à Chypre, il n’y a pas de galette « des rois » à proprement parler. La Vassilopita est aujourd’hui une galette en l’honneur de saint Basile de Césarée.
Cette galette est préparée la veille du nouvel an et ce n’est qu’au 1er janvier, jour anniversaire de la mort du saint qu’elle est coupée.
On y dispose traditionnellement une pièce en or, mimant ainsi une disposition que fit adopter le saint pour répartir de manière égale la rançon non utilisée pour stopper le siège de Césarée.
Toutefois, l’origine de la tradition byzantine remonte très certainement aux Kronia de la Grèce antique et aux Saturnales de Rome, comme l’a démontré l’anthropologue Margarett.
Danse traditionnelle des hommes en Bulgarie réalisée pour l’Épiphanie, dans l’eau glacée.
Selon les pays, des festivités particulières issues de traditions locales, sont organisées. Ainsi, en Bulgarie, les hommes exécutent une danse traditionnelle, le horo, dans l’eau glacée.
Dans les Flandres, existe la tradition De Drie Keuningen commençant à Noël et finissant à l’Épiphanie.
C’est le jour de l’Épiphanie que l’on fête les Tiphaine (en français), Tifenn (en breton), Tiffany (en anglais) ou Théophano, Théano (en grec). Ce prénom correspond en effet au mot Théophanie, ou manifestation de Dieu, autre nom de la fête. On fête les Jordan et les Jordane. On fête aussi les Noël … s’ils sont Arméniens.
Durant les quatre premiers siècles de l’histoire chrétienne, l’Église avait l’habitude de fêter le 6 janvier toutes les manifestations de Dieu sur la terre : la Nativité (Noël), l’Adoration des mages, le baptême du Christ et les noces de Cana. Le changement de l’eau en vin et la multiplication des pains (ou Phagiphanie) étaient ainsi commémorés par une même fête avec la Nativité.
Les fêtes ont ensuite été dissociées : pour le 6 janvier, les Latins ont retenu l’Adoration des mages et les Grecs le Baptême du Christ. Les Éthiopiens et les Arméniens ont conservé une fête unique pour la célébration de Noël, le 6 janvier pour les Arméniens et le 6 ou le 7 janvier pour les Éthiopiens en fonction du calendrier.
(Source : wikipedia.org,
photo : Adoration of the Magi (Fra Angelico and Filippo Lippi) – 1492)
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