J’ai découvert un lieu fantastique.
Bucolique comme peu d’hôtels le sont je suis tombé sous le charme du lieu, de la bâtisse un château refait à neuf de taille humaine où le goût élégant d’une surcharge de peinture d’un autre temps est un bonheur de culture poétique salvatrice de l’âme de chacun qui enrichît un savoir déjà bien établit mais qui doit encore apprendre beaucoup.
La direction est à l’unisson du La et d’une discretion à laquelle on ne s’attend pas, mais qui dégage une sympathie qu’il fait Bon Monsieur dans votre Château, qu’il fait bon dans votre maison !!! Si tous les chemins des itinérants et des enfants de Dieu mènent à Rome dit-on, ceux des gastronomes, des gourmets suivent une piste bien à eux: De la guinguette au bord de l’eau à la bonne Auberge près de chez nous.
Il existe parfois un Laurent pour connaître un paradis inconnu et qui a clef pour vous y conduire…
Paradis d’élus pour lesquels, le lieu, l’accueil et la cuisine deviennent un grand art.
D’abord il accueille, puis sait recevoir et l’oeil du Maître sait reconnaître les siens.
Alors son regard s’allume comme le feu dans la cheminée et l’homme avec ce regard là devient habité, il éclaire son lieu, il le réchauffe d’intelligence, d’amitié et de complicité. Il a compris, il va falloir se sortir les tripes rien que pour faire plaisir.
L’oeil noir, lumineux comme un café bouillant qui sera pour la fin mais qu’il saura partager avec celui qui a froid car l’homme sait recevoir et accepte ses visiteurs d’un moment ce que souligne l’esquisse d’un sourire malicieux certes mais aussi courageux.
L’homme est ouvert comme sa table et n’est pas un hôte ordinaire car on n’ouvre pas un tel château sans être un artiste en même temps qu’ils sont devenus aubergistes. Ils servent le beau, le bon dans une assiette. Ils savent que le chef d’oeuvre pictural qu’il aura réalisé avec son épouse restée en cuisine qui le seconde avec la plus grande efficacité possible sera détruit dès le premier coup de fourchette et disparaîtra à jamais et qu’il devront recommencer pour chacun de leur client.
La présentation de leur cuisine est une peinture qu’ils expriment avec bonheur afin de satisfaire un sens inné de la perfection. Ils recherchent ensemble la conjugaison de l’image, de l’odeur, du goût, de la matière et du toucher. Il n’y a rien de moins morte que cette nature qu’il présente avec un plat, régal des yeux avant un repas qui devient un rite lorsque l’odeur monte aux narines et qu’une musique, pourtant absente, en toile de fond achève cette fête presque mystique.
Dans un site tout en douceurs nervaliennes comme aurait aimé le décrire ces grands auteurs que furent Jean de La Fontaine, Montesquieu, Rabelais, Alexandre Dumas, Pierre de Ronsard et ses disciple de la Pleiade et tout ces rois de la plume dont le mariage des lettres n’avaient d’égal pour eux que le mariage des mets dont ils raffolaient.
Ici, tout semble magique et l’alchimiste de cet endroit en son laboratoire qu’il nous a fait visiter, où Madame en grande prêtresse de lieux opère de son mieux et exécute avec bonheur cette cuisine toutes en couleurs ne déformant ni l’esprit nature, ni la couleur, ni les odeurs et garde le goût intact de chaque élément qu’elle compose. Madame cuisine avec son oeil, mais avec aussi, l’âme et le pinceau du peintre cet artiste qu’on ne voit pas mais est toujours présent dans notre cuisine et surveille avec le respect du souci les volumes, les espaces et les tons. Il vous sussure à l’oreille le moindre rappel de rouge, de blanc, de vert et vous fait rajouter un morceau de tomate pour le rouge, de blanc avec de la crème ou du jaune d’oeuf dur pour faire plus joli.
qu’il fait bon dans votre maison
quelle est belle votre cuisine et
que les produits sont bons!!!
On se prend à rêver et ce vieux refrain traverse ma mémoire en même temps qu’une image plus grave s’impose et vous laisse mesurer toute l’ampleur de la méditation que ce lieu impose:
Et, si le dernier client parti, notre aubergiste fermait la porte dans un dernier tour de clef pensant aller se reposer. C’est alors que douze hôte inattendus qu’il sera le seul à voir s’attablent pour un repas autour de cette grande table seigneuriale pour revivre la cène autour d’un Maître de table que personne ne pourra oublier et qui ne mourra jamais. Mais alors les Goncourt disparus sont ils toujours chez Drouant? et où sont passés les dîneurs des soirées de Médan, Notre aubergiste du Paradis de Saint-front de Pradoux n’en dira jamais rien…eux seuls savent et se tairont.
Pas plus qu’il nous parleront des secrets de leur cuisine.
Il y a dans notre métier des mystères sacrés qu’il ne faut pas creuser comme ceux de cette cuisine magique qui m’a foudroyé par la justesse de ses cuissons, le respect des formes et des couleurs tout en sachant marier les odeurs. Peintres et musicien à la fois, pour que chacun y trouve son bonheur selon ses propres perceptions. Moi je ne ferai qu’un voeux et j’espère que nos deux artistes cuisinent encore longtemps pour le bonheur de tout ceux qui ont des yeux, un nez, une bouche entre les oreilles.
Pour terminer et conclure, je ne dirait qu’un mot: BRAVO !!!
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