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Cortinaire

CORTINAIRE – HISTOIRE

Le Cortinaire à odeur de bouc est un champignon assez connu. Son nom scientifique, Cortinarius traganus, signifie “avec un rideau” Cortinarius et “des boucs” traganus. Il ne fait pas de doute que le “rideau” désigne ici la cortine, ce mince voile filamenteux qui recouvre les lamelles des cortinaires dans leur jeune âge. Quant aux boucs, il semble que les gens aient fait un rapprochement entre l’odeur du champignon et celle des boucs.

Rares sont les cortinaires identifiables avec certitude au premier coup d’oeil, sans que l’on n’ait recours à la microscopie. Le Cortinaire à odeur de bouc est un de ceux-là. Son chapeau et son pied lilas, qui contrastent avec la couleur brunâtre de la chair et des lamelles, distinguent cette espèce des autres du même genre. Vient s’ajouter sa forte odeur caractéristique, qui nous permet de l’identifier, même les yeux fermés! Il existe beaucoup d’autres Cortinaires aux couleurs violacées; chez les autres espèces, les lamelles et/ou la chair sont toutefois elles aussi violacées. Le Cortinaire à odeur de bouc est un champignon assez trapu, il est plus charnu que les autres espèces du groupe.

Revenons à l’odeur. Elle est à la fois chimique et fruitée, désagréable pour les uns mais plaisante pour d’autres. Les chimistes disent qu’elle ressemble à celle de l’acétylène. Le Cortinaire à odeur de bouc est identifié par de nombreux mycologues américains comme le Cortinaire à odeur de poire Cortinarius piryrodorus une espèce décrite en 1932 par C. H. Kauffman, un des grands de la mycologie en Amérique du Nord. Pour son espèce, Kauffman décrit une odeur de poires trop mûres, ce qui la compare bien à celle des spécimens récoltés au Québec. Mais Kauffman décrit la couleur des lamelles chez les jeunes spécimens comme lilacée, ce qui n’est jamais le cas chez nos spécimens, dont les lamelles sont toujours brunâtres. Erreur du “baptiseur” ? À vous d’en juger. Le Cortinaire à odeur de bouc est une espèce assez commune au sud du Québec. On le trouve toujours sous les conifères, où il semble être lié aux épinettes ou aux sapins. Il croît de la mi-août à la mi-octobre; c’est une espèce typiquement automnale. Il est souvent abondant dans certaines forêts des Laurentides, surtout vers la mi-septembre. Parmi les sites d’excursions du Cercle, on le trouve toujours en grand nombre à Lachute, où il pousse un peu partout lorsque les conditions météorologiques sont favorables à son développement. La comestibilité du Cortinaire à odeur de bouc ne semble pas bien établie. On a déjà rencontré un “cueilleur à la chaudière” dont celle-ci regorgeait d’un mélange de Russules émétiques, de Lactaires à lait jaune et de Cortinaires à odeur de bouc. Selon ses dires, il faisait bouillir le tout pour faire une bonne soupe. Son estomac devait être très résistant: la Russule et le Lactaire sont des espèces parmi les plus âcres. Encore là, à vous d’en juger. Mais quant à la comestibilité des Cortinaires, rappelons que quelques espèces de ce genre sont mortelles, et citons cette phrase célèbre: “Les meilleurs ne valent pas mieux que les pires”.

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Publié par
Pierre Marchesseau

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