André fête sa première victoire contre le conservateur…. Épisode 58

André :

Ah
ces fonctionnaires, ils se croient tout permis ! Vous me demandiez ce que
vous pouvez faire pour moi ?

Les
gendarmes en chœur :

« –
Oui, nous devons nous faire pardonner notre négligence. »

André
éclate de rire et va son buffet, il ouvre la porte et sort sa meilleure gnaule.

André :

« –
Il nous reste à boire un coup parbleu, c’est ma meilleure, je ne la sers que
dans les grandes occasions. Ce n’est pas tous les jours que vous passez à la
maison. »

Les
gendarmes :

« –
Ah non André, nous sommes en service. »

André :

« –
Pas à moi les gars, vendredi au carrefour de Tout-y-faut, j’ai livré 200
kilogrammes de pommes de terre nouvelles, je suis passé par l’arrière pour
aller aux cuisines et j’ai aperçu au bar, accoudés devant deux petits blancs,
deux beaux perdreaux en tenue.

Les
gendarmes en riant :

« –
Pardon André, mais à cinq heures, le service routier est terminé, sauf mission
spéciale de notre Chef chef. »

André :

« –
Sauf mes amis que j’ai livré à 15 heures. C’est facile à contrôler, j’ai été
bloqué au passage à niveau de la lignate pour le passage du train.

Les
gendarmes éclatent de rire :

« –
Chut André, il ne faut pas le répéter, c’est top secret. »

Germaine
a posé les verres sur la table.

« –
André y verse son élixir de santé, dont ils sirotent avec délectation les
saveurs. Dès qu’ils sont vides, André les remplit aussitôt.

Les
gendarmes :

« – Ah André, tu nous surprendras toujours. »

André :

« –
Germaine, prépare deux bouteilles pour nos amis. Tu les caches dans un journal.
Mes cadeaux ne regardent personne. Ils pourront les déguster tranquillement
chez eux. »

Les
gendarmes :

«
André, tu n’es pas obligé. »

André
en riant :

« –
Celles-là n’ont pas été déclarées, il faut bien que je m’en sépare…»

Les
gendarmes rient de bon cœur du bon mot d’André.

Germaine :

« –
Tu es gonflé de leur raconter ça … »

Les
gendarmes :

« –
Oh Germaine, ne vous inquiétez pas inutilement, il n’est pas le seul. Si nous
avions que ce genre de problème, malheureusement, des délits bien
plus graves sont de plus en plus nombreux…

Nous
sommes payés pour faire notre métier et nous appliquons parfois malgré nous,
les consignes que nos supérieurs nous donnent. Mais dis-moi André, c’est quoi
exactement que cette histoire.

Nous
n’avons rien compris, si le procureur nous demande quelques détails, nous sommes bien incapables de lui analyser le problème. Explique nous
bien l’ordre des choses, pour que nous sachions quoi lui répondre.

André
volubile, explique de long en large, comment les évènements se sont déroulés, en
fonction de ce qu’il en sait. Il s’arrange comme d’habitude pour devenir le
personnage central de l’histoire. Il ne s’attendait pas du tout au final de ce soir.

Hier, il a même privé Pierrot de messe, pour qu’il puisse remettre l’ensemble des
objets appartenant au Comte de la Fenière. Tenez dit-il voici la carte de ce
fameux Monsieur, Germaine les a trouvé en rangeant la chambre des enfants ce
matin.

Pierrot :

« –
Maman, tu as encore fouillé dans mes affaires, je les avais cachées. »

Les
gendarmes prennent la carte :

“- Merci
André de la confiance que tu nous fais. Nous comprenons mieux pourquoi le
Conservateur a outrepassé ses droits. Il faut aussi le comprendre, c’est la
découverte de sa vie. Il n’a pas envie qu’elle lui échappe. Il va sûrement
revenir à la charge après avoir constitué un bon dossier. Ce genre de type ne
lâche jamais sa proie. »

Pierrot :

« –
Maman je te faisais confiance, c’est fini. »

André :

« –
Pierrot, ce n’est pas ta mère mais moi, qui ai insisté, et soit poli avec elle,
surtout devant les gendarmes. »

Les
gendarmes :

« –
Nous n’avons rien entendu et du moment que tous peuvent confirmer que ce
Monsieur existe réellemnt, qu’ils l’aient vu, qu’ils lui aient parlé, je ne vois pas ce
que ce fonctionnaire peut faire, sauf s’adresser à lui. C’est par contre surprenant, que ce savant ait choisi Loulay et sa petite école pour montrer ses
secrets.

André :

« –
Vu le déroulement des évènements, ce doit être un original. Il aura préféré la
compagnie d’enfants à la recherche d’un savoir que des intellectuels ou
scientifiques bardés de diplômes inutiles, qui se prennent souvent pour le
nombril de Jupiter. Mais, je le reconnais, c’est une sacrée avancée
scientifique. Ceci explique cela.

Les
gendarmes.

“- André,
il se fait tard, notre enquête est close avant d’avoir commencé, nous vous
disons bonsoir, merci pour votre accueil et en montrant les bouteilles, nous les boirons à votre santé. »

Sur
ce, ils quittent la maison sans se faire plus de souci.

André
à pierrot :

« –
Bravo mon garçon, tu as vu juste en prévoyant la venue des gendarmes. »

Germaine :

« –
Je te l’ai dit, fais lui plus confiance, mais tu ne m’écoutes jamais. »

André :

« –
Heureusement que je les connais et avec le papier dicté par l’avocat, je leur
ai cloué le bec à tous. »

Gros
Sel n’avait rien dit jusqu’ici, il est resté silencieux, fidèle à sa
tactique :

« –
C’est un travail d’équipe papa. »

André :

« –
Tu as raison mon fils, c’est un véritable travail d’équipe. Le team Hillairet
and co vient de voir le jour. »

Gros
Sel :

« –
Moi, ça me donne une autre idée Papa.

André :

« –
Dis toujours mon fils au point ou nous en sommes, je peux désormais tout entendre.
N’est-ce pas toi Pierrot qui me disait l’autre soir, qu’il n’y a pas de
questions idiotes, que seules, les réponses le sont. »

Gros
Sel insistant :

« –
Hier, tu as fait un tabac en allant à la messe et tu as pu constater la tête que
chacun faisait, à l’entrée comme à la sortie… »

André :

« –
Oui et au parti, les choses n’ont pas traîné, j’ai eu ce matin avec Adrian une
chaude conversation au téléphone et il me somme de m’expliquer par écrit. Il va
avoir une réponse de ma part qu’il n’oubliera pas de sitôt… »

Gros
Sel le coupant à son tour :

« –
Papa ne me coupe pas s’il te plait, ce sont tes affaires, moi je te parle
des affaires de notre famille,
écoute-moi cinq minutes c’est important ,même si je suis le plus petit. »

André

« –
Vas-y mon fils, je me tais jusqu’au bout. »

Gros
Sel :

« –
Bien je vais pouvoir continuer. À la sortie, comme à ton arrivée dans son
église, le vieux curé se croyait à Lourdes, à la place de Sainte Bernadette
découvrant l’apparition de la vierge. Il en est resté la bouche ouverte.
Imagine que si des mouches étaient passées à ce moment, il les gobaient toutes.

À
la pâtisserie, j’ai cru qu’ils allaient te demander des autographes,
l’après-midi au foot ce fut l’apothéose, tu deviens commanditaire du club, tu
leur offres deux mille francs de primes, ils gagnent et tu deviens leur
coqueluche, leur porte-bonheur et la nouvelle vedette du club.

Tous
les copains m’en ont parlé à la récré. Ce soir, ce sont les flics qui prennent ta
défense, tes enfants sont parmi les meilleurs de leur classe et grâce aux
photos du papillon, tous les journaux locaux vont parler de toi dans un peu
moins de Quarante huit heures. Nous sommes loin de la vilaine dispute de l’autre soir, tu ne croîs pas ?

André :

« –
Voilà le benjamin des Hillairet qui s’en mêle, mais je ne connais pas toujours
pas ton idée lumineuse mon fils… »

Gros
Sel :

« –
Pierrot dit toujours, qui ne dit rien consent, donc je considère que tu
d’accord avec mon analyse. Je continue. Tu as fait la paix avec tout le monde
sauf un. C’est le moment d’en profiter, il pourrait peut-être t’aider à devenir
maire de Loulay, payer ta campagne électorale. Il est riche, intelligent. Moi,
je dis les choses comme je les pense pour te rendre service. »

André :

« –
Faire la paix avec le Maire certainement pas. Cela fait plus de vingt ans qu’il
exploite le village et ses ouvriers. Ils sont sous payés. Je vais le battre
cette fois aux élections et je serai un maire élu par le peuple.

Pierrot :

« –
Justement Papa, je ne crois pas que Gros Sel veuille parler de Monsieur le Maire actuel, j’ai plus l’impression qu’il pense à quelqu’un d’autre. Qu’en
pense-tu Gros Sel ? Je ne suis pas à sa place, mais je
sais que Gros Sel est plus malin que cinquante renards réunis, si nous sommes
un team, une équipe, écoute le jusqu’au bout.

Gros
Sel en se marrant:

« –
Pierrot, pourquoi cinquante, c’est un minimum j’espère. »

Germaine :

« –
Il a raison, nous ne l’écoutons jamais, il est le plus petit, mais il a aussi
de très bonnes idées. »

André :

« –
Si toute la famille s’en mêle. Je t’écoute mon fils quel conseil as-tu à me
donner ? »

Gros
Sel fier de voir la famille l’écouter, donne un coup de pied à Pierrot sous la
table et dit :

« –
Je me demande ce que ferait comme effet sur les gens du village si tu
traversais le village, à pied, en dicutant gentiment avec le docteur du château,
il te ramènerait à la ferme et vous iriez ensemble au conseil municipal avec la
grosse Bugatti…»

Germaine
en entendant ces mots se signe et la grand-mère l’imite
aussitôt :

« –
Mon Dieu, protégez le, mon fils est fou, il est possédé par le démon. Par la Madone
André, surtout ne l’écoute plus. »

La
manière dont Gros Sel a tourné son argumentation a plu à André. Il s’est éclaté
de la façon dont il a évité les provocations et mis son père devant des
évidences dont il ne peut nier leur authenticité, ni leur intérêt…

André :

« –
Tu fais fort Gros Sel ! Viens là mon fils. Ta stratégie est digne d’un
général. Je dois y réfléchir, mais c’est loin d’être idiot. Le plus dur sera
d’entrer en contact avec lui,plus personne ne lui parle. Je me vois mal
aller sonner à sa porte sans y être invité.

Pierrot :

« –
Il y a plus simple. Fais lui une lettre gentille, excuse-toi pour ton
comportement passé, tu viens de faire davantage avec Monsieur le curé. Avec lui
tu t’es même complètement compromis. Dis lui que tu souhaites une rencontre
discrète pour t’expliquer avec lui, que le communisme t’avait bouché les yeux,
que tu les quittes et que pour toi, l’heure est à la réconciliation générale.

André :

« –
Abandonner les camarades jamais, je n’en ai pas le droit. »

Pierrot :

« –
En allant à la messe tu as fait la promesse de revenir, tu ne peux plus faire
machine arrière, tu as déjà perdu la confiance de ton parti. Si tu retournes
une nouvelle fois ta veste, tu seras mort politiquement. Arrête de donner des
primes au Réveil, c’est de l’argent jeter par la fenêtre. Plus personne ne
pourra te faire confiance, et tous nous serons déçus. »

André
est secoué par les paroles de Pierrot

Germaine :

« –
C’est quoi cet argent pour le football dont vous parlez ? »

André :

« –
Je t’expliquerai, c’est une vieille promesse que je tiens. »

Pierrot
reprend la parole :

« –
Papa, soit moderne, montre l’exemple comme tu l’as si bien fait hier, regarde,
tous étaient admiratifs, le communisme et le sang versés ne font plus rire
personne, il ne séduit plus, c’est fini. Les passions des jeunes sont dans le
monde moderne, la consommation, l’évolution, la reconnaissance, les voyages,
l’information le partage des richesses de la production et la liberté de vivre,
de voyager de choisir son chemin. Tu dois lui écrire et lui demander un
rendez-vous. Soit il l’accepte, soit il le refuse. Tu n’as rien à perdre. De
toute façon à la lecture de ta lettre, il va appeler Monsieur le curé et lui
demander son avis, ils sont culs et chemise, ils s’appellent plusieurs fois par
jour et se rencontrent chaque matin pour la messe de 7 heures au château.

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