En faisant ma revue de presse, j’ai découvert cet article de Marianne. Oh, qu’il est juste et bien vu. C’est la sagesse qui nous fait Roi, inspirons nous de cette vérité première, tout y est.
Sus à l’élitisme convenu et aux cotations bien pensées, il faut boire ce que l’on aime sans préjugés. Après quoi, on peut lire l’étiquette.
Savoir-boire:
un vin s’essaye à table, en mangeant. Et il se juge au plaisir ressenti.
Fallait-il chambrer le 2006 ?
Décidément, quelque chose a basculé dans ce pays. Une lueur scintille dans le regard des oenophiles de services : ça y est, le vin remplace la politique à table, la France est sauvée ! Sujets sérieux pour esprits fins, la connaissance des vignobles et l’art de déguster sont aujourd’hui des critères culturels reconnus par la société.
Le savoir-boire s’inscrit au savoir-vivre.
On choisit désormais une bouteille avec le même soin que s’il s’agissait d’un livre ou d’un film. Là où un expert en économie ou un érudit en histoire peuvent tenir une assistance en haleine, c’est souvent le connaisseur en vins qui anime la soirée.
Régle n°1 en matière de choix du vin :
S’émanciper de tout élitisme. Clamons-le-haut et fort : buvez ce que vous aimez ! Émancipez-vous des dictateurs d’étiquette et laissez-vous prescrire du plaisir.
Régle n°2 : le vin est une boisson de table, pas un enjeu de concours.
Il ne doit jamais être bu pour lui-même, hormis à l’apéritif, et participe de l’acte alimentaire, au même titre que les plats, en lui donnant une quatrième dimension. Rien n’étant plus sublime en gastronomie que le mariage entre un mets et un vin, une simple sardine à l’huile en harmonie avec un verre de muscadet, tempérés par du pain et du beurre, valent tous les foies gras et caviars de la Terre. Ne pas se prendre le chou, ni se curer la bourse, à l’heure d’opter pour le flacon magique : on goûte d’abord.
La définition du bon vin obéit à un principe intangible : la redemande.
Qu’est-ce qu’un premier cru ?
Un vin dont on reboirait bien un second verre. Et un grand cru ? Un vin dont on reprendrait bien une autre bouteille.
Le nez et le palais, avant tout !
Aussi est-il urgent de se libérer des cotations de l’université bachique. On n’achète pas une paire de chaussures en fonction de sa valeur sur une échelle de prestige, mais parce qu’elle plaît et qu’elle va bien aux pieds, à un prix entendu. Idem pour le vin.
La note donnée par le guide ” Dubouchon “, la revue ” Grangoulot ” ou le ” Spécial enfoirés du vin ” à telle star de la grappe, on s’en tape. Même s’il est des domaines sublimes, nous ne sommes pas des buveurs d’étiquettes. Cette littérature est utile pour connaître la géographie des appelations, les méthodes de vinification, la diversité des cépages et les étapes de la dégustation.
Pour le reste, le pif et le palais, sur des bases strictement personnelles, comme en amitié. Acheter et tester, puis décider en toute sérénité. Ne jamais repartir d’une foire aux vins le chariot chargé de cartons à la seule considération du morceau de papier collé sur la bouteille.
Un vin, ça s’essaye à table, en mangeant. Et ça se juge au plaisir ressenti. C’est un jeune paysan à 5€ ? Youpi ! Un bourgeois gentilhomme à 15€ ? Bravo ! Un beau seigneur à 45€ ? Hourra !
Est-il vif, structuré, puissant, charnu, soyeux, élégant et racé ? Tant mieux pour ceux qui apprécient ces nuances. Que ceux que ce jargon pourrait complexer se rassurent, ils y viendront d’eux-mêmes en comprenant pourquoi ils préfèrent tel vin à tel autre.
Celui qui est heureux avec son côtes-du-rhône, son beaujolais et son saint-pourçain n’a de leçon à recevoir de personne. Aucun banquier n’est digne de lui remplir sa cave.
Le coeur a ses raisins que la raison ignore.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.