La réponse du docteur Melchior……………………… … Épisode 61

Il plie la lettre avec
d’infinies précautions, la timbre de son sceau personnel, la glisse dans une
enveloppe et la pose, dans la corbeille du courrier. Il rajoute un papier ou il
écrit, à porter demain sans faute et il l’attache à l’enveloppe avec un
trombone.

Satisfait de cette évolution
soudaine et inattendue, il part se coucher en se disant qu’il a une idée de
génie en faisant confiance aux enfants. Il devra creuser du côté de Pierrot
pour savoir s’il n’a pas donné un coup de pouce au destin. J’ai comme
l’intention qu’ils n’y sont pas étrangers. Dès qu’il se couche, il est envahi
par une torpeur soudaine et il s’endort comme un bienheureux.

À Poitiers, le Procureur à
mal digérer les réprimandes de son collègue substitut, et ce matin, il attend
de pied ferme ce petit Conservateur qui passe au-dessus leur tête.

Confiant de la rapidité avec
laquelle il a obtenu son entrevue avec le Procureur. Il s’attend à tout, sauf à
une violente réprimande. Il est introduit par le greffier qui assiste à
l’entretien. Après les politesses d’usage, le Procureur prend la parole et lui demande.

« – Monsieur,
connaissez- vous le déni de justice ou l’abus de pouvoir ou plus simplement, ce
que peut vous coûter en tant qu’auxiliaire de justice le non-respect de la
loi. »

Non seulement vous me mettez
en porte-à-faux avec mes collègues, mais le Procureur de Saintes, les gendarmes
du village qui vous ont fait confiance et les victimes se retrouvent dans une position de
plaignants. C’est un peu beaucoup pour un seul homme. Vous risquez au minimum
une radiation, ou un déplacement disciplinaire au pire selon ce que décidera le
parquet de Saintes de vous retrouver devant un tribunal correctionnel. »

Le coup asséné rapidement par le
Procureur a porté très fort et le conservateur venu guilleret, sûr de lui,
reçoit une gifle en pleine face. Il est sonné.

Le Procureur essayant de lui
mettre la tête sous l’eau :

« – Vous saurez
Monsieur le conservateur que quand la République confie des responsabilités à
ses serviteurs, elle entend qu’ils soient irréprochables. Elle vous
donne le pouvoir de les exercer, il n’en demeure pas moins que notre premier
devoir est de montrer l’exemple donc de respecter la loi que nous protégeons.

Hors Monsieur Le
Conservateur, par 3 fois au moins, vous avez utilisé la loi à des fins
personnelles, allant jusqu’à faire des menaces pour imposer des pressions, sans
respecter la procédure minimum la plus élémentaire.

Vous avez utilisé vos titres
et fonctions pour accaparer la force publique, droit qui ne relève que du
parquet local. Vous avez agi sans droits, sans titres dans une autre
juridiction que la nôtre qui n’est même pas de notre ressort.

Vous avez sur le dos,
l’avocat de la victime, qui n’est même pas propriétaire des objets concernés et
les avait chez elle en prêt temporaire, le Procureur de Saintes qui n’a pas
apprécié votre escapade solitaire sur son territoire. Il envisage l’ouverture
d’une information pour abus de pouvoir et de position dominante sans aucune
autorisation hors d’une couverture légale. Votre ministre de tutelle va être
fier de vous. Êtes-vous conscient de vos erreurs Monsieur Le
Conservateur ? »

Le Conservateur cherchant à
reprendre pied :

« – Monsieur le
Procureur, je vous présente mes excuses et je le ferai par écrit dès ce soir
auprès du parquet de Saintes. Mais l’importance de cette découverte m’a fait
perdre la notion de mes droits judiciaires, je n’ai que voulu que préserver
cette immense découverte. Elle est énorme pour l’humanité toute entière et me tombe du ciel. »

Le Procureur :

« – Vous aviez les
objets dès jeudi pourquoi ne pas avoir commencé par là. En voulant aller trop
vite, non seulement vous n’avez pas respecté la loi, vous venez de faire perdre
à l’humanité, la maîtrise de ces objets. Je vais devoir engager une enquête
préliminaire en ayant comme base de recherche un vieux monsieur que personne
n’a jamais rencontré, sauf un chef de gare, qui offre des boîtes de papillons à
des gosses pour une toute petite école. Il a 3 adresses, une à Niort, une à
Paris et une à Londres en admettant qu’il n’est pas déménagé entre temps. Je
vais donc devoir lancer trois commissions rogatoires ce qui signifie leur
retour entre 4 et 6 mois si nous parvenons à le joindre, sinon elles
reviendront dans un an classées sans suite.

Etes-vous conscient du désastre de vos premières
investigations scientifiques ? »

Le conservateur :

« – Monsieur Le Procureur,
au nom de l’intérêt général on ne peut pas…

Le Procureur le coupant
sèchement :

« – On ne peut pas
quoi… Retransgresser la loi une nouvelle foi, avec des mineurs au milieu qui ne
peuvent être entendu, que dans certaines conditions. Des enfants d’une famille
sans histoire, honorablement connue, appréciée de tous même des gendarmes ce
qui est rare de nos jours dont le papa est certainement le futur maire voir
plus. Informations, selon des renseignements que des contacts personnels ont bien voulu me
fournir en toute amitié.

Dans cette affaire, nous
marchons sur des œufs et n’avons plus aucune liberté de manœuvre sauf celle de
respecter la loi. Il ne me reste que l’enquête préliminaire et pour vous
l’attente. De mon côté, compte tenu de l’énormité de cette découverte…À ce
sujet avez-vous des confirmations officielles de vos analyses ? »

Le Conservateur :

« – Oui Monsieur Le
Procureur, voici le dossier complet avec les originaux de chaque pièce ainsi
que tout le dossier des autorisations de saisie. »

Le Procureur :

« – Foutaise que votre dossier, je crois
que vous ne m’avez pas compris, il n’est plus possible d’effectuer la moindre
saisie aujourd’hui. Je ne m’y risquerai pas. Nous ne pouvons plus intervenir
sur un secteur, hors de notre juridiction. Sachez que vous n’aurez aucune
réquisition du parquet de Saintes, ils ont déjà classé l’affaire pour ne pas
avoir à ouvrir la vôtre. Je l’ai accepté pour la suite de votre
carrière. »

Le
Conservateur soulagé:

« – Merci Monsieur Le
Procureur. »

Le Procureur :

« – Je ne l’ai pas fait
pour vous, mais pour l’importance de la découverte. Nous ne sommes pas à
l’heure du merci. Il nous faut un fait nouveau qui ne soit pas rattaché au
premier. »

Le Conservateur :

« – Il y en a un depuis
hier Monsieur Le Procureur. »

Le Procureur :

« – Et c’est quoi votre
fait nouveau. »

Le Conservateur :

« – Mon collège du
musée de Saint- jean d’Angély m’a fait passé en express ce journal local. Il
publie des photos extraordinaires d’un animal qui n’existe pas ou qui aurait
existé, il y a des années. La seule trace que nous avons de lui remonte à la
préhistoire, il y 75000 ans. »

Le Procureur :

« – D’où tenez-vous vos
références de comparaisons ? »

Le Conservateur :

« – Nous avons des
photos de dessins et de peintures que nous avons retrouvées dans des grottes
préhistoriques. Nous avons aussi des reconstitutions à partir de fossiles et de
nombreuses recherches sur le terrain.

Le Procureur :

« – Vous êtes sérieux,
vous me voyez utilisant l’argent du contribuable et les moyens judiciaires, pour
retrouver le propriétaire des restes d’un animal ayant vécu il y a 75000 ans.
Vous êtes malade mon ami, cette affaire vous monte à la tête. Déjà les dents et
les os d’un dinosaure encore vivant il y a quelques jours c’est gros, mais là,
vous dépassez les bornes ! Si je vous écoute, je vais me retrouver
Procureur en terre Adélie et ma femme n’aime pas le froid, croyez-moi.»

Le Conservateur en souriant
à cette boutade :

« – Comme je la
comprends, ma femme non plus Monsieur le Procureur…Le problème Monsieur le
Procureur, c’est que ce papillon est vivant et vit dans une cage à l’air libre.
Les photographies ont été prises dans cette même ferme et la cage daterait
également de cette époque.

Le Procureur est à son tour
sonné :

« – Pardon, vous êtes
entrain de me dire qu’un papillon de 75000 ans est vivant et qu’il se pavane
dans une cage à la campagne ! Mais c’est impossible, vous avez dû vous
tromper. »

Le Conservateur devant le
Procureur décontenancé reprend du poil de la bête :

« – Je ne suis
peut-être pas un bon auxiliaire de justice ou officier ministériel, mais mes
compétences et mes spécialités sont nombreuses. Elles comprennent des études
que j’ai faites et elles ne laissent pas de place pour l’à peu près. Mes
diplômes sont là pour le prouver. Je suis un des meilleurs expert français sur
ces sujets et j’affirme et je vous confirme mes analyses. D’ailleurs monsieur
le procureur, vous m’avez dit avoir une carte de visite de cet étrange
personnage qui semble couvrir tout le monde. Pouvez-vous me donner son nom je
le connais peut-être ?

Le procureur reprend la
carte posée sur son bureau et la lit…

« –
Il s’appelle Comte Richard d’Alembert de la Fenière, Docteur en
paléontologie. »

Le
Conservateur se lève d’un bond, interloqué :

« – Pardon vous avez dit qui !!! Le professeur de La fenière est dans le coup, c’est impossible, c’est
notre Maître à tous, il est impossible à rencontrer, même ses conférences sont
inabordables, il vit à l’autre bout du monde. Je ne sais pas d’où vous tenez
cette carte, mais, c’est impossible… Ce Professeur venir faire, une
conférence à Loulay dans une petite école, gratuitement, lui qui demande des
millions à chaque fois.

Le
Procureur courroucé :

« –
Mais tout est impossible et inimaginable dans ce dossier !

Le
conservateur calmé :

« –
Mais, il n’a jamais donné une seule conférence en France, ni même une seule
interview… »

D’un autre côté la présence
du grand Professeur Monsieur le
Comte de la Fenière me conforte dans mes analyses. Si c’est lui qui est
en possession de ces objets, il les gardera par devers lui. Rien que sa présence
dans cette histoire montre le niveau de ces découvertes. Simplement pour nous
les chercheurs, approcher ce Professeur est déjà un rêve… »

Le Procureur :

« – Revenons aux faits.
Le papillon, vous ne l’avez découvert qu’hier soir à l’arrivée du journal, mais
les os, la dent et les bols sont d’autres preuves indiscutables. Nous avons une
goutte de sang frais dont l’analyse montre qu’ielle possède encore des
cellules vivantes. Nous sommes devant un phénomène qui est confirmé par
plusieurs autres analyses. Les os ont encore de la chair fraîche collée sur les
cartilages. Tout est bien exact Monsieur le Conservateur, si j’ai compris votre rapport… »

Le Conservateur :

« – Je n’arrête pas de
vous le répéter Monsieur Le Procureur, nous sommes devant un phénomène
incroyable, impossible, sûréaliste, irréaliste, impensable, je n’ai pas de
qualificatifs assez nombreux pour l’expliquer. Si ce n’était impossible à
croire, je dirais que des chasseurs ont trouvé le moyen de remonter le temps, tué cet animal et l’ont dépecé et ramené avec eux ces quelques pièces.

Ensuite ou avant, ils ont
récupéré les bols quelque part, dans la nature, ils ont chassé le papillon
qu’ils ont isolé dans cette cage et sont revenus dans notre époque. Vous
imaginez la folie de cette déduction. Elle est impossible à croire, pour moi un
scientifique.

Ces chasseurs à leur retour
ont offert leurs trophées à un jeune charentais rencontré par hasard sous la pluie et sont disparus dans la nature
ou sont peut-être retournés chasser le mammout dans l’époque glaciaire.
C’est aujourd’hui la seule explication plausible, donc elle est impossible.
C’est digne d’un roman de Jules Vernes et au milieu de cet imbroglio débarque
l’homme invisible, le grand professeur de la Fenière. Il ne manque que
Tournesol, Tintin et Milou et pour cette fable nous serons au complet… Je crois que j’en deviens
dingo. »

Le Procureur écoute en
silence, subjugué par ce récit on ne peut plus fou du Conservateur et pourtant
ce qu’il dit, lui semble la seule possibilité. Ce ne peut-être pour lui qu’un
énorme canular, voyons ce que je peux faire, le jeu en vaut la chandelle se
dit-il.

Le Procureur :

« – Monsieur le
Conservateur, à la vue des circonstances qui me paraissent exceptionnelles, je
n’engagerai contre vous aucune poursuite disciplinaire ou judiciaire. Je vais
même essayer de vous aider avec les moyens que me donne la loi. Nous devons
faire preuve d’un secret absolu sur nos recherches et enquêtes. Je dois en
référé en haut lieu. Continuez vos analyses et tenez-moi informé de l’évolution
de ce dossier. »

Le conservateur
soulagé :

« – Merci Monsieur le
Procureur, je vous promets de ne plus transgresser la loi, même dans un cas
aussi exceptionnel. »

Le Procureur :

« – Très bien, j’en
prends note. Vous pouvez compter sur moi lui dit-il en le raccompagnant jusqu’à
la porte de son bureau.

En descendant, le grand
escalier du palais de justice, il ne peut s’empêcher de penser qu’il a eu
chaud. Sans l’énormité de la découverte, il y a de fortes chances qu’il se
serait retrouvé dans un musée de sous-préfecture pendant de longues années. Par
contre, il va devoir chercher et tout apprendre sur l’espèce de ce papillon miraculé et
miraculeux.

Le Procureur a refermé la
porte de son bureau. Il va personnellement prendre en main ce dossier
exceptionnel et explosif. C’est un dossier d’un autre niveau que ceux qu’il a
l’habitude de traiter. La semaine prochaine il va essayer d’avoir un
rendez-vous avec le chef de cabinet du Ministre de la justice. Il l’obtient
immédiatement pour le vendredi de la semaine suivante.

Ce jeudi matin, les enfants
sont allés chez Monsieur le Curé pour préparer la kermesse.Ils veulent être
fidèle à la promesse qu’ils lui ont faite hier. À leur surprise, Il ne fait
aucune allusion à leur présence au château.

Tapioca :

« – J’ai l’impression
qu’il a oublié notre rencontre d’hier. »

Saucisse :

« – Ou il fait
semblant, c’est malin ces petites bêtes là… »

Tapioca :

« – Insolent, tu parles
de monsieur le curé, il a l’âge de ton grand-Père. »

Gros Lard :

« – Arrête toujours de
prendre la mouche, tu vois bien qu’il rigole… »

Tapioca :

« – Il est âgé, on ne
doit pas parler d’un vieil homme de cette façon. »

Saucisse :

« – Bon, je m’excuse
Tapioca. »

Tapioca :

« – Tu t’excuses
maintenant tout seul, tu ne manques pas d’air ce matin. »

Saucisse un peu excédé:

« – Quoi encore, j’ai
dit quoi de mal cette fois. »

Tapioca :

« – Mais on ne s’excuse
jamais nous-même. Il faut dire, je te prie d’accepter mes excuses où veuillez
m’excuser, ou excusez-moi !!!

Saucisse un peu
excédée :

« – Bon, excusez-moi
Monsieur le Curé, ça te va cette fois ? »

Tapioca :

« – C’est bien, mais
comme il est n’est pas là pour te répondre. »

Pierrot intervient :

« – Tapioca tu deviens
chiante, lâche lui la grappe, tu me saoules. »

Tapioca :

« – Mais, c’est pour
lui que je le reprends. »

Pierrot :

« – Cette fois, c’est,
assez.

Tapioca comprend qu’il ne sert à rien de continuer, la solidarité masculine lui fait face

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