Les
enfants crient :
«- Docteur ! Docteur, ne nous laissez pas ! »
Ils
crient, ils pleurent.
Seuls, Pierrot et Tapioca restent de marbre.
« – Surtout ne bougez pas ! dit’ il aux enfants «
La
nacelle a repris sa place tendue par les filins qui ont résisté au choc. Tout
doucement, le ballon sort des brumes au dessus de la forêt, la comète est déjà
repartie et le grand ciel bleu réapparaît, immaculé.
Saucisse :
« –
Mais où sommes nous, nous sommes encore perdu »
Le
ballon est à nouveau poussé par le vent, ils sont sauvés, mais naufragés du
ciel une nouvelle fois avec un ballon à conduire sans savoir où ils sont et sans aucune connaissance aéronautique.
Pierrot
se détache et va vers le pupitre. Il a vu faire le docteur, sur le tableau, il
y a des notes d’inscrites : connexion des circuits, gauche, droite, avancer, descendre, monter etc…. Il les relit une par une et quand il pense avoir compris, il appuie
sur le bouton marche normale programmée.
Aussitôt,
tout se met à clignoter, les aiguilles tournent à toute vitesse puis
ralentissant et se calment. Le ballon prend la direction, ouest indiquée sur
le cadran.
Tapioca :
« –
Mets les harnais de sécurité , un de perdu ça suffit , sois prudent
Pierrot… »
Saucisse :
« –
Mais comment va t-on faire sans le Docteur ? »
Tapioca :
« –
Arrêtes de pleurnicher ne t ‘occupes pas, Pierrot va nous sortir de là. Il a
déjà remis le ballon en route, c’est le principal »
Gros
Sel :
« –
Mais où sommes-nous, gémit il ? »
Pierrot :
« –
Une chose est sûre, nous sommes en juin 1958, toutes les aiguilles sont
redevenues normales et la date est indiquée. Nous sommes retournés chez
nous, et oui le Docteur a fait de bons calculs. Regardez, dit il en montrant avec son doigt l’extérieur de la nacelle, je reconnais les
tours de St.-Jean d’Angély là bas au loin, la forêt d’Aulnay, je vois les voitures
sur la route. Il est quelle heure à la montre du cadran ? Si j’arrive à
poser le ballon, nous pourrons même rentrer en auto stop… »
Tapioca
«
– Moi je rentrerai à pied même si je dois être puni. Il est 14 heures 30 et
nous sommes partis à 9 heures ce matin. Le docteur avait raison. Il y a un peu
plus cinq heures que nous avons quitté la maison. C’est bizarre quand même,
j’ai l’impression d’avoir fait un rêve… »
Saucisse :
«
– Le problème c’est que nous avons tous fait le même rêve, que nous avons perdu
le Docteur Melchior, que nous avons un ballon que nous n’avons jamais fait
atterrir et que nous ramenons des papillons d’un autre âge dont nous allons
devoir expliquer la provenance. Les premiers sont passés juste mais les
second…et si en plus ils découvrent les photos de Tapioca on est bon pour le
journal télévisé et en direct…. »
Gros
lard :
« –
Oui mais tout ça c’est grâce au Docteur Melchior !!!
Gros
sel :
–
« Il avait toujours raison quoiqu’il fasse. Les choses tournaient
toujours à son avantage»
Gros
lard :
« –
Il est où le docteur, demande Gros Lard en pleurant
Tapioca :
«
– Oui mais pas cette fois, pourtant je le croyais immortel… Dieu seul sait où il
se trouve, pourvu qu’il n’est pas souffert…. Peut-être n’est il pas mort ?
Répond ‘elle.. Il était si gentil, c’était un homme extraordinaire, je
l ‘aimais tant. Pourtant il nous avait bien dit qu’il était immortel… je ne peux
pas croire qu’il soit mort ou disparu «
A
ce moment là, une voix résonne à leurs oreilles, une voix qu ‘ils connaissent
bien, elle semblait venir de l’ au-delà du ciel, de je ne sais où !
La
Voix :
« – Pourquoi c’était ? j’espère que tu l ‘aimes toujours ton Docteur Melchior »
En
entendant ces mots les enfants lèvent la tête, espérant le voir assis sur un
nuage leur faisant au revoir une dernière fois, mais en vain.. Aucun nuage dans
le ciel
Pourtant
la voix reprend, plus forte.
« – Pierrot
appuie deux fois sur le bouton rouge qui clignote et au lieu de regarder en
l’air, aidez-moi plutôt à remonter »
Pierrot
appuie deux fois sur le bouton et immédiatement le ballon s ‘immobilise.
A
ces mots ils se retournent et que voient-ils ? une main ensanglantée avec des doigts noueux accrochées à la bordure d’osier de la nacelle qui essaie de
remonter.
Pierrot
et Tapioca se précipitent et l ‘aident à se hisser dans la nacelle. Il est lourd
malgré son grand âge.
A
force d’efforts, ils y arrivent et le Docteur Melchior sain et sauf est à
nouveau sur le plancher d ‘osier, en sécurité, essoufflé, meurtri, les mains en
sang mais heureux d’être là, parmi les siens. Tapioca le prend par le cou et
l’embrasse de toutes ses forces.
Le
Docteur Melchior :
«
– Mais arrêtes Tapioca, tu me fais mal. »
Dans
la joie, il l’appelle Tapioca, lui qui rechignait toujours à utiliser leur surnom…
Le
Docteur Melchior :
«
– Quand il y a eu la forte turbulence, j’ai été projeté par dessus bord leur
explique t’ il mais j’avais remarqué que la sécurité était défectueuse quand j’ai
entendu les clics et les clacs j’ai compris ce qu’il se passait. Je vous ai
donc doublement attaché, mais moi je devais guider le ballon, les risques
d’accident étaient trop grands, nous risquions de rompre les attaches de la
nacelle ce qui aurait signifié la mort pour tous.
Je
ne pouvais rester clouer sur le fauteuil, j’ai donc mis ma ceinture de sécurité
autour de la taille, accrochée à une grosse corde de rappel. Quand j’ai
basculé par dessus bord, je me susi retrouvé suspendu sous la nacelle, mais choqué
par la chute, je me suis évanoui.
Quand je suis revenu à moi, j’étais pendu dans l ‘air et je
tourbillonnais sous le soleil. J’ai très vite récupéré, et je me suis hissé
jusqu’à vous, en remontant par la seconde corde qui m’a permis de me rapprocher
de la nacelle.
J ‘ai appelé, mais vous ne répondiez pas. Mais tout est rentré
dans l ‘ordre maintenant, je me soignerai les mains en rentrant, et demain
j’ aurai quelques courbatures. Ce n’ est pas bien grave, et vous tout va
bien ?
Pierrot :
-« A
part les petits qui pleurnichent, tout va bien docteur, j’ai remis le ballon en
route. Nous sommes le 15 juin 1958 et il est 14 heures 30. Umaguma et les siens
sont désormais bien loin.
Le
Docteur Melchior :
Je
vous l ‘avais bien dit, mon ordinateur ne se trompe jamais, mais bougre et
ventre bleu, je ne veux pas que l’ on touche à mes affaires. Qui t’a permis Pierrot ?
Pierrot
baissant les yeux :
–
« Mais vous n’étiez plus là, il fallait bien que je fasse quelque
chose. »
Le
Docteur Melchior en faux courroucé :
-« Que
ce soit la dernière fois, dit-il en riant de bon coeur, mais il n’ en pense pas
un mot. C’est bien tu m ‘as bien suivi. Tu as fait ce qu’il fallait
faire. »
Pierrot
est fier de ce compliment et Tapioca encore plus…