Alimentation, plantes et maladie de Crohn, durant les crises
Afin d’alléger les malaises, on conseille de diminuer la consommation de fibres alimentaires (produits de boulangerie à la farine de blé entier, plusieurs fruits et légumes crus ou non pelés, etc.).
Notons que ces aliments n’ont pas d’effet néfaste en soi sur le tube digestif. Mais les fibres alimentaires, en augmentant le volume des selles, font pression sur la paroi enflammée des intestins, ce qui a pour conséquence d’accroître les troubles digestifs. Quand la crise s’estompe, ces restrictions ne sont plus nécessaires.
S’informer auprès de son médecin, d’une nutritionniste ou d’une association de patients pour en savoir plus sur le type d’aliments à privilégier durant les crises.
Approches complémentaires
À cause de l’imprévisibilité, tant de la survenue des crises que de la durée des périodes de rémission, l’effet thérapeutique des approches complémentaires suivantes est difficile à évaluer. Il est préférable de consulter son médecin avant d’entreprendre tout traitement.
Modifications alimentaires.
En naturopathie, on considère que, puisque la maladie de Crohn fragilise le système digestif, le type d’aliments ingérés a des répercussions sur l’état de santé. On recommande donc d’être attentif aux aliments et aux boissons qui semblent aggraver les symptômes et de les exclure. Cette démarche demande l’aide d’un naturopathe ou d’un diététiste.
Le naturopathe J.E. Pizzorno rapporte que, lors d’études préliminaires, le blé et les produits laitiers figuraient au haut de la liste des aliments les plus souvent problématiques. Par ailleurs, selon lui, il est préférable d’écarter les aliments susceptibles de causer des flatulences et des ballonnements, comme les haricots, les légumes de la famille des choux, les oignons, les agrumes, les boissons gazeuses et le maïs éclaté.
Huiles de poisson et oméga-3.
Une revue systématique publiée en 2005 a recensé 11 études sur l’effet des huiles de poisson pour soulager les symptômes liés à l’inflammation des voies digestives (maladie de Crohn et colite ulcéreuse). L’analyse de l’ensemble des données n’a toutefois pas permis de juger de leur efficacité clinique. En 2009, une revue systématique s’est penchée sur l’utilité des acides gras oméga-3 pour maintenir la rémission chez des personnes atteintes de la maladie de Crohn. Six études ont été analysées et les auteurs ont conclu que les oméga-3 étaient probablement inefficaces.
Probiotiques.
Les probiotiques sont des bactéries utiles qui permettent de restaurer la flore bactérienne naturelle du système digestif. La bactérie Lactobacillus acidophilus en est un exemple. La flore intestinale est souvent perturbée par l’inflammation chronique. Quelques essais préliminaires ayant combiné traitement classique et différents probiotiques ont donné des résultats décevants avec L. acidophilus10-12. En revanche, une revue systématique publiée en 2010 conclut qu’une autre souche de probiotique, Saccharomyces boulardii, semble efficace pour réduire la diarrhée chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn.
Camomille allemande (Matricaria recutita).
La camomille allemande a longtemps été utilisée en préparations médicinales pour les troubles du système digestif (comme la diarrhée et les ulcères gastriques). La Commission E reconnaît son utilité pour soigner la dyspepsie, les gonflements, les flatulences, l’inflammation et les spasmes gastro-intestinaux.Pour les troubles digestifs, elle s’utilise par voie interne sous forme d’infusion, d’extrait liquide ou d’extrait sec.
Boswellie (Boswellia serrata).
La résine de boswellie fait partie de la pharmacopée officielle de l’Inde et de la Chine. La médecine traditionnelle ayurvédique (Inde) lui attribue des propriétés anti-inflammatoires utiles pour le traitement de l’inflammation du tube digestif. En 2001, les résultats d’une étude comparative, mais sans groupe placebo, indiquaient que la boswellie (H15® à raison de 1 200 mg, 3 fois par jour) est aussi efficace, effets indésirables en moins, que la mésalazine, un des médicaments classiques utilisés pour traiter la maladie de Crohn.
Cependant, une nouvelle étude publiée en 2010 et menée sur 108 patients atteints de la maladie de Crohn n’a pas pu prouver l’efficacité d’un extrait de boswellie (le Boswelan) pour maintenir la rémission.Prendre de 300 mg à 400 mg d’extrait de résine standardisé (37,5 % d’acide boswellique) en capsule ou en comprimé, 3 fois par jour.
Formule de Bastyr.
Une préparation composée de plusieurs plantes médicinales et de quelques autres ingrédients (poudre de chou, pancréatine, vitamine B3 et substance duodénale) est recommandée par le naturopathe J.E. Pizzorno afin de soulager l’inflammation qui sévit dans le tube digestif.
Il s’agit d’un vieux remède naturopathique non documenté par des études scientifiques.
Les plantes médicinales suivantes font partie de la recette : la guimauve (Althea officinalis), l’orme rouge (Ulmus rubra), l’indigo sauvage (Baptisia tinctoria), l’hydraste du Canada (Hydrastis canadensis), l’échinacée (Echinacea angustifolia), la phytolaque d’Amérique (Phytolacca americana), la consoude (Symphytum officinale) et le géranium tacheté (Geranium maculatum). Informez-vous auprès d’un thérapeute dûment formé.
Absinthe
Artemisia absinthium). En 2007, des chercheurs ont évalué les effets d’un traitement adjuvant à base de poudre d’absinthe, une plante aux propriétés médicinales diverses. Quarante personnes atteintes de la maladie de Crohn ont participé à cette étude contrôlée avec un placebo. Deux groupes de 20 sujets devaient prendre, durant 10 semaines, soit la préparation à base d’absinthe (SedaCrohn®) soit un placebo, à raison de 3 capsules 2 fois par jour.
Ces traitements étaient pris en association avec de la cortisone et les médicaments usuels pour la maladie. Après 8 semaines de traitement à l’absinthe, 13 personnes sur 20 ont rapporté une rémission presque complète de leurs symptômes, et aucune dans le groupe placebo. De plus, dans le groupe placebo, 16 personnes sur 20 ont vu leurs symptômes s’exacerber lorsque leur dose de corticostéroïde a été diminuée, contre seulement 2 sur 20 dans le groupe ayant reçu le SedaCrohn®. Bien qu’il s’agisse d’un petit nombre de patients et que les résultats devront être confirmés par d’autres études, cela suggère que l’absinthe améliorerait l’efficacité de la cortisone. En 2010, les mêmes chercheurs ont montré que l’absinthe pourrait agir en diminuant le taux de TNF-alpha, une substance exacerbant l’inflammation chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn.
Sources : passeportsante.net